
Selon un rapport de l'ONU publié mardi, la réaction des casques bleus au Soudan du Sud face aux violences de juillet contre les civils à Juba a été "inefficace". Le commandant de la force de l'ONU au Soudan du Sud a par conséquent été limogé.
Les casques bleus au Soudan du Sud ont réagi de manière "chaotique et inefficace" aux violences de juillet à Juba et n'ont pas su protéger les civils d'agressions sexuelles. Après les rapports de plusieurs ONG en ce sens, c'est l'ONU qui fustige, à son tour, dans un rapport d'enquête accablant, rendu public mardi 1er novembre, l’action de la force de maintien de la paix au Soudan du Sud.
Ce rapport souligne notamment que la Mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss) "a échoué à répondre" à l'incursion, le 11 juillet, de soldats sud-soudanais dans un hôtel abritant des employés d'organisations internationales et proche d'une base des Nations unies. Selon l'organisation Human Rights Watch, plusieurs employées étrangères avaient été violées et un journaliste sud-soudanais abattu devant témoins.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est déclaré "profondément affligé" par les conclusions du rapport d'enquête et "inquiet des graves lacunes identifiées". Dans la foulée de la publication du rapport, le secrétaire général de l'ONU "a demandé le remplacement immédiat du commandant de la force" de l'ONU au Soudan du Sud, le général kenyan Johnson Mogoa Kimani Ondieki.
L'enquête, dirigée par le général néerlandais à la retraite Patrick Cammaert, met en cause des lacunes de commandement, "le manque de préparation" des casques bleus face à l'imminence prévisible d'une reprise des affrontements entre forces gouvernementales et rebelles sud-soudanais et une "aversion aux risques" les rendant réticents à user de la force pour protéger les civils.
Au moins 200 cas de viols de Sud-Soudanaises dans la capitale en juillet
Même deux mois après la fin des affrontements de juillet à Juba, note le rapport, la force de l'ONU ne patrouillait pas régulièrement à pied ou de nuit hors de ses bases. Et quand les casques bleus patrouillaient, ils se contentaient de "surveiller les alentours derrière les minuscules vitres de leurs véhicules blindés", ce qui les rendait "incapables de repérer des responsables de violences sexuelles" ou de rassurer la population locale.
Les enquêteurs n'ont cependant pas trouvé de preuve que des casques bleus aient refusé d'intervenir face à "des actes de violence sexuelle se produisant sous leurs yeux les 17 et 18 juillet", comme l'affirmaient des ONG.
L'ONU avait recensé au moins 200 cas de viols de Sud-Soudanaises dans la capitale pour le seul mois de juillet, perpétrés par des hommes en uniforme, notamment issus des troupes du président Salva Kiir.
Les casques bleus de la Minuss, au nombre de 13 500 environ, avaient déjà été vivement critiqués pour leur comportement lors de l'attaque meurtrière d'un camp des Nations unies à Malakal (nord-est du Soudan du Sud) en février. Une précédente enquête interne avait conclu que certains d'entre eux avaient abandonné leur poste ou refusé de défendre les civils par la force.
Près de 200 000 civils déplacés par la guerre civile, qui ravage le Soudan du Sud depuis près de trois ans, ont trouvé refuge dans six camps onusiens dans tout le pays.
Avec AFP