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Les députés espagnols devraient mettre fin samedi soir à dix mois de blocage politique en votant la confiance au conservateur Mariano Rajoy, en passe de conserver le pouvoir faute d'accord de l'opposition.

L’Espagne est peut-être sur le point de sortir de l’impasse politique dans laquelle elle est empêtrée depuis dix mois. Le Parlement espagnol devrait mettre fin samedi 29 octobre à la crise politique en accordant tant bien que mal sa confiance au Premier ministre conservateur Mariano Rajoy après la lui avoir refusé jeudi à titre d'avertissement.

L'instabilité est cependant susceptible de persister, puisque le gouvernement minoritaire de Mariano Rajoy devra en effet composer avec un Parlement hostile.

Après deux élections législatives, en décembre et en juin, qui n'ont pas permis de dégager de majorité à la chambre des députés, les socialistes du PSOE ont prévu de s'abstenir samedi lorsque Rajoy demandera pour la seconde fois la confiance des élus.

"Chapeau, Monsieur Rajoy", lui a lancé jeudi non sans ironie, depuis la tribune du Congrès, l'élu Joan Baldovi, leader de la plateforme citoyenne de gauche Compromis. "Vous pourriez être un héros de film : ‘L'impassible galicien’. Sans bouger un muscle, sans presque rien faire, vous êtes sur le point de redevenir président du gouvernement", a-t-il ajouté.

Mario Rajoy, 61 ans, au pouvoir depuis 2011, partait de loin : il y a dix mois, deux nouveaux partis faisaient leur entrée au Congrès, le libéral Ciudadanos et Podemos, de gauche radicale, tandis que sa formation, le Parti populaire (PP), enregistrait son pire score depuis 1993.

Dans son propre camp, miné par les affaires de corruption et usé par une dure crise économique, certains assuraient que sa place était "dans l'opposition".

Des turbulences à venir

Mais de nouvelles législatives, organisées le 26 juin après plusieurs mois sans qu'un nouveau gouvernement ne puisse être investi faute d'accord entre les partis, ont commencé à inverser la tendance.

Lors de ce scrutin son Parti populaire a gagné 14 sièges, alors que le Parti socialiste (PSOE), concurrencé par Podemos, poursuivait sa descente aux enfers, avec le pire résultat de son histoire (22,7 % des voix).

Pedro Sanchez, dirigeant le PSOE depuis 2014, décidé à tout faire pour chasser Mariano Rajoy du pouvoir, n'a pas réussi à trouver assez d'alliés pour former un gouvernement alternatif. Il aura finalement été renversé par les siens, qui craignaient que son véto à Mariano Rajoy n'entraîne encore des élections, les troisièmes en un an, leur faisant perdre encore des voix.

Désormais, Mariano Rajoy a le vent en poupe, assuré d'avoir les voix de son parti (137) et celles de Ciudadanos (32), et aussi la nécessaire abstention d'une partie des 85 élus socialistes.

Mariano Rajoy n'a pas été élu lors d'un premier tour de vote à la majorité absolue organisé jeudi, mais il devrait être investi par une majorité simple des 350 députés samedi soir, lors d'un vote prévu aux alentours de 19 h 45.

La législature de quatre ans qui l'attend ne sera cependant pas simple car jamais un parti au pouvoir en Espagne n'avait disposé d'aussi peu de soutiens au Congrès : 137 sièges seulement sur 350. On s'attend "à une législature plus turbulente que n'importe quelle autre", estime le professeur de sciences politiques Pablo Simon.

Avec AFP