
Uber a été condamné vendredi par un tribunal de Londres pour non-respect du droit du travail. Deux chauffeurs de la plateforme réclamaient à l’entreprise de pouvoir bénéficier des droits dont jouissent les salariés au Royaume-Uni.
Pour le syndicat généraliste GMB, il s’agit d’une "victoire monumentale" qui pourrait avoir des conséquences "majeures". Vendredi 28 octobre, un tribunal de Londres a donné raison à deux chauffeurs de véhicules Uber qui avaient intenté une action contre la plateforme de transports, l'accusant de ne pas respecter le droit du travail.
Les deux plaignants réclamaient de pouvoir bénéficier de vacances, d'indemnités en cas de congés maladie et du salaire minimum garantis par le droit du travail britannique.
Le tribunal qui a jugé l’affaire a estimé que les chauffeurs Uber étaient des salariés aux yeux de la législation, un statut qui leur donne le droit de jouir de vacances, d'indemnités en cas de congés maladie et d’un salaire minimum.
Uber a aussitôt annoncé qu'il faisait appel de cette décision. L’entreprise américaine considère que ses chauffeurs sont des travailleurs indépendants. Le responsable régional d’Uber, Jo Bertram, a argué vendredi que "des dizaines de milliers de personnes à Londres ont choisi Uber justement pour être des travailleurs indépendants et être leur propre patron".
"Lien de subordination" entre Uber et ses chauffeurs
Nigel Mackay du cabinet d'avocats Leigh Day a réagi à la décision du tribunal en pointant du doigt la précarité de bien des chauffeurs Uber. "Les chauffeurs d'Uber travaillent souvent de très longues heures juste pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires. C'est ce travail qui a permis à Uber de devenir une entreprise mondiale brassant des milliards de dollars", a-t-il souligné.
En France, la Sécurité sociale poursuit Uber pour requalifier ses chauffeurs, aujourd'hui considérés comme des indépendants, en salariés, faisant valoir qu'il existe un "lien de subordination" entre eux et la plateforme.
Aux États-Unis, Uber a accepté de payer jusqu'à 100 millions de dollars pour clore deux recours collectifs, en Californie et dans le Massachusetts, qui menaçaient de changer le statut de ses chauffeurs.
La croissance très rapide du géant américain a provoqué de nombreuses polémiques, en particulier avec les chauffeurs de taxis, qui l'accusent de concurrence déloyale, ou à propos de son modèle économique, qui dépend pour beaucoup de l'extrême flexibilité des travailleurs.
Avec AFP