
Peu avant son arrivée au Japon, fidèle allié des États-Unis, l’extravagant président philippin, Rodrigo Duterte, a de nouveau enchaîné les déclarations fracassantes contre Washington. Un comportement qui décontenance Tokyo.
Nouveau pays, nouvelles diatribes. Peu avant son arrivée au Japon, le président philippin, Rodrigo Duterte, a repris ses vives critiques à l’égard des États-Unis. Et ce, juste avant de monter dans l'avion. "Ces Américains sont vraiment fous. Ils se prennent pour des gens importants", a déclaré le chef d'État âgé de 71 ans à l'aéroport de Manille, mardi 25 octobre.
Duterte a fustigé publiquement les propos de Daniel Russel, le secrétaire d'État adjoint chargé de l'Asie-Pacifique, qui avait fait part, lundi, de la "consternation" d’un "certain nombre de pays" face aux déclarations "controversées" du président philippin. "Russel a dit que [mes] commentaires [...] sem[aient] l'inquiétude dans le monde des affaires. Eh bien, faites vos valises et partez. Nous nous en remettrons, je vous le garantis", a-t-il répondu, tout en brandissant un des journaux ayant reproduit les propos du haut diplomate américain.
Ses critiques virulentes mettent de plus en plus mal à l’aise les diplomates du monde entier, à commencer par Tokyo, fidèle allié des Américains. Le président philippin est arrivé quelques heures plus tard au Japon pour une visite de trois jours destinée à développer les échanges commerciaux bilatéraux, qui ont atteint plus de 18 milliards de dollars l'an dernier.
Duterte va-t-il mâchouiller son chewing-gum devant l’empereur japonais ?
Mais Duterte ne semble pas prêt à changer de comportement. "Je ne suis le toutou d'aucun pays", a-t-il encore lâché, estimant que les Américains et les Européens n’avaient pas à critiquer sa violente politique anti-drogue aux Philippines. "Vous êtes des fils de pute. Ne faites pas de nous des chiens. Surtout pas. Comme si j'étais un chien avec une laisse à qui vous jetez du pain que je ne peux pas attraper". Pour rappel, Duterte a appelé ses concitoyens à assassiner eux-mêmes toxicomanes et dealers dans leurs quartiers afin d’éradiquer le fléau du narcotrafic aux Philippines…
Au mois de septembre, le président philippin avait aussi qualifié Barack Obama de "fils de pute", en marge du sommet du G20 en Chine.
Duterte n'a eu en revanche que des louanges pour les Japonais. "Ce qu'il faut dire c'est qu'ils sont vraiment gentils", a-t-il affirmé. "Le Japon a vraiment été notre plus grand soutien", a-t-il encore déclaré, citant des projets d'aéroport et de construction de routes.
Il n'en reste pas moins que la population demeure très inquiète par le comportement de l'atypique président. Elle craint que ses rencontres officielles avec le Premier ministre Shinzo Abe et surtout avec l'empereur Akihito ne tournent au fiasco. L’empereur est considéré comme un demi-dieu au Japon, devant lequel il convient de respecter tout un protocole de bienséance. Les journalistes nippons craignent notamment que Duterte ne se présente devant l’empereur les mains dans les poches, et en machouillant un chewing-gum.
Avec AFP