logo

Présidentielle : la gauche cherche un "plan B"

Dans son ensemble, la presse française revient sur l'impopularité de François Hollande, alors que le président de la République doit se prononcer dans moins de deux mois sur ses intentions présidentielles. La dernière baisse du chômage n'y changera rien, la gauche commence à chercher un plan B.

La baisse du chômage en France est à la Une des Echos. Le nombre de demandeurs d’emplois a baissé d’un peu plus de 66 000 personnes. Une baisse spectaculaire, la plus forte depuis 20 ans, analyse le journal économique, mais qui arrive trop tard pour sauver le bilan de François Hollande.

Car sa popularité est au plus bas. Ils ne sont plus que 4% des Français à être satisfaits du président de la République, selon une enquête du Cevipof pour Le Monde. C’est le taux le plus faible enregistré depuis novembre 2015 et le lancement de ce sondage. Pire, 70% des Français ne sont pas satisfaits du tout.

Il faut dire que ses confidences récentes dans le Livre "Un président ne devrait pas dire ça" ont été très mal perçues, notamment à gauche. De plus en plus de fidèles semblent souhaiter que le président sortant renonce à une nouvelle candidature. Et parmi ces fidèles, il y a même de très proches du président comme Claude Bartolone ou Jean-Christophe Cambadélis. "Qui veut encore du candidat Hollande ?", L’Opinion pose ainsi la question. Réponse : plus grand monde, sauf les frondeurs, à l’image d’Arnaud Montebourg, Benoit Hamon et Jean-Luc Mélenchon. Mais eux veulent qu’il se présente pour mieux "lui régler son compte", conclut le journal de droite...

Du coup, la question d’une alternative à gauche se pose de plus en plus. François Hollande "plombé", Manuel Valls apparait comme un "plan B", s’amuse Plantu à la Une du Monde.

Le Premier ministre, lui, se prépare depuis longtemps à être président, explique Libération. Le problème, c’est que lui-même n’est pas sûr que 2017 soit la bonne année. Du coup, "il est pris entre la raison qui le dit de tout faire pour ne pas avoir à être candidat et son ambition qui le pousse à marquer du terrain", résume une ministre citée par le journal de gauche. Y aller ou pas ? Manuel Valls est "tourmenté", à l’image du personnage de John Malkovitch dans le film "Dans la peau de John Malkovitch". Un film dont Libération s’amuse d’ailleurs à reprendre l’affiche en Une.

Un Manuel Valls d’autant plus tourmenté que visiblement ses chances de l’emporter à la présidentielle sont plus ou moins inexistantes. Pire, selon un sondage publié par Le Figaro, le Premier ministre ne ferait pas mieux que François Hollande au premier tour de la présidentielle, quel que soit le scenario envisagé. Il n’arriverait que cinquième face à Alain Juppé ou Nicolas Sarkozy, si Emmanuel Macron, lui aussi, se présentait. Et quatrième face aux deux candidats de droite, si Macron renonçait.

"Les Français ne veulent ni de Hollande, ni de Valls", titre le journal de droite, pour qui il ne pourrait pas en être autrement. "Le chef du gouvernement, qu’on le veuille ou non, est comptable du bilan calamiteux du quinquennat", écrit Paul-Henri du Limbert dans son édito. "Dans l’esprit des électeurs, Hollande, Valls, c’est bonnet blanc et blanc bonnet".

L’un des problèmes, c’est peut être que François Hollande a changé l’image de la fonction présidentielle. C’est ce que relève le journal La Croix. François Hollande avait voulu incarner l’image d’un "président normal". Une sobriété, qui selon le quotidien n’est pas vraiment "compatible avec l’idée que les Français se font de la place et du rôle du président". Ils préfèrent "un chef de l’Etat se tenant à bonne distance, ni trop proche, ni trop éloigné du peuple". Un président qui "incarne l’Etat, qui fixe le cap". A l’image de Charles De Gaulle et de François Mitterrand.

François Mitterrand, qui aurait fêté aujourd’hui son centième anniversaire. François Hollande doit d’ailleurs prononcer un discours sur François Mitterrand ce mercredi, nous rappelle La Croix. Pour le journal gratuit 20minutes, cet anniversaire est l’occasion d’imaginer "les conseils d’outre-tombe de Tonton" pour ne pas "louper le coach". Ainsi, à Alain Juppé, il pourrait conseiller de draguer les artistes et les acteurs pour obtenir leurs soutiens. A Marine Le Pen, il pourrait souffler de "rester sur la réserve". Et à François Hollande, l’ancien président, pourrait suggérer de tout faire pour "réunir la gauche", comme il avait su le faire en 1981, lorsqu’il avait été élu.