Quatre jours après le début de l'offensive de l'armée irakienne et des peshmerga pour reprendre Mossoul, d'autres fronts ont été ouverts pour se rapprocher du dernier bastion stratégique de l'EI dans la région. Le point sur la situation de terrain.
Au quatrième jour du lancement de l’offensive des forces irakiennes et des peshmerga pour reprendre Mossoul aux jihadistes de l'organisation État islamique (EI), de nouveaux fronts se sont ouverts à l’est, au nord et au sud de la ville irakienne, depuis la base de Qayara où se trouvent les artilleries française et américaine, ainsi que les forces spéciales américaines. En ce jeudi 20 octobre, nous faisons le point sur l'opération de reconquête de Mossoul avec Wassim Nasr, expert des mouvements jihadistes à France 24.
Quelle est la situation sur le terrain le 20 octobre ?
Wassim Nasr : Les forces irakiennes, avec l’aide des milices chiites, essayent d’avancer sur l’axe allant de Al-Houd à Mossoul (du sud au nord). Il y a des combats très intenses dans la ville d’Al-Houd depuis hier, mercredi. Les peshmerga arrivent eux d’est en ouest.
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Les forces irakiennes avancent-elle aussi vite que l’affirme le Premier ministre Haïder al-Abadi ?
Le 19 octobre, les forces irakiennes ont avancé par Hammam al Alil (au sud de Mossoul) et elles essayent désormais de continuer sur cet axe pour atteindre la ville d'Al-Choura. Mais les avancées se font plus lentement que ce que le Premier ministre irakien, Haïder al-Abadi, a avancé jeudi. Le terrain est très accidenté. Les progressions sont plus faciles sur les deux nouveaux fronts qui ont été ouverts ce 20 octobre :
- Sur l’axe allant de Ba’ashiqah vers Bartella, à une vingtaine de kilomètres à l’est de Mossoul.
- Sur le front ouvert au nord par les peshmerga, sur l’axe allant vers Batnay et Tal Kayf, ville qui avait une importante communauté chrétienne et aujourd’hui tenue très fermement par les jihadistes.
Comment se positionnent les jihadistes ?
Les jihadistes ont fait une percée sur le plan ouest et sont positionnés à Tal Afar, un bastion stratégique qui a son propre aéroport. Ils ont conduit une percée encore plus éloignée, essayant d’attaquer les peshmerga sur le mont Sinjar. Les jihadistes résistent, il y a eu plus de 20 attentats-suicides depuis hier. Jeudi, ils ont pendu deux peshmerga sur un pont. Ils comptent se battre avec les moyens qu’ils ont – loin du fantasme des armes sophistiquées. Mais avec des tunnels, des mines, des explosions, des kamikazes.
Les troupes irakiennes pourraient atteindre Mossoul d’ici deux jours. À quoi faut-il s’attendre ?
Pour l’instant, le front est ouvert dans la campagne, dans les villages, mais on est loin de la bataille urbaine dans Mossoul. Quand les troupes irakiennes atteindront la ville, ce sera une autre paire de manche : il y a un million d’habitants. Dans les précédents combats à Falloujah, Ramadi, Tikrit ou Beiji, le prix à payer a été la destruction totale des villes et l’exode des populations.
Faut-il redouter la fuite des membres de l’EI, comme l’a averti le président François Hollande?
Pour l’instant, il est prématuré de parler de désertion de la ville. Militairement, à ce jour, rien ne les contraint à quitter Mossoul. Et il ne faut pas oublier que les chefs jihadistes à Mossoul et dans la région de Ninive sont des locaux. Ça va beaucoup jouer dans l’équation. L’armée irakienne essaye de rallier les clans sunnites de la région pour que ces derniers laissent les jihadistes de côté.