Quelques centaines de policiers ont manifesté de nouveau mercredi soir, alors que le ministre de l'Intérieur a annoncé des concertations dans les départements sur leurs revendications. Un plan "de sécurité publique" doit être lancé en novembre.
Après deux nuits de manifestations, le gouvernement a répondu mercredi 19 octobre au ras-le-bol des policiers en recevant leurs syndicats et en annonçant des "concertations" dans les départements. Un geste qui n'a pas apaisé quelque 200 policiers rassemblés de nouveau, mercredi soir, sur la place de la République à Paris.
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Alors que la fronde vire à la polémique politique, le patron des socialistes Jean-Christophe Cambadélis a dénoncé pour sa part la "patte" du Front national dans les manifestations "hors la loi" de policiers. "Pas de ‘patte’ mais un soutien sans faille, face à un pouvoir qui a manifestement de la haine pour la police", a répliqué sur Twitter le vice-président du FN Florian Philippot.
À quelques mois de l'élection présidentielle, l'exécutif, sous le feu des critiques, s'est employé à calmer le jeu. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé, après avoir reçu "en urgence" ces organisations à leur demande, le lancement dès lundi de concertations dans les départements sur les revendications des policiers. Les conclusions seront remises "en décembre pour mise en œuvre immédiate dès 2017".
Un plan pour 2017
Un plan "de sécurité publique" sera lancé en novembre a annoncé Bernard Cazeneuve. Il sera "complété des résultats de la concertation", a assuré le ministre, promettant un "dialogue riche", sur la dotation en nouveaux matériels dès 2017 ou l'amélioration des conditions de travail, avec des "travaux immobiliers".
"Les policiers sont compris et soutenus non seulement par leur hiérarchie, par le gouvernement mais aussi par tous les Français", ils incarnent "une certaine idée de la France", a-t-il lancé.
Le mouvement s'étend
Les syndicats de police, qui tentent de reprendre la main et de canaliser la colère de la base, ont ensuite également été reçus mercredi soir par le garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas.
"90 % de nos revendications concernent le ministère de la Justice", a assuré le secrétaire général du syndicat Alliance, Jean-Claude Delage. "Il faut en finir avec le sentiment d'impunité de ceux qui agressent les policiers", a poursuivi son adjoint, Frédéric Lagache, pour qui il faut "revoir la légitime défense" des policiers.
La manifestation de centaines d'agents bravant leur devoir de réserve, dans la nuit de lundi à mardi sur les Champs-Elysées à Paris, a pris de court les autorités. Tandis qu’une centaine de policiers se sont rassemblés dans la nuit de mardi à mercredi sur le Vieux-Port à Marseille. À Nice, ce sont près de 80 fonctionnaires, la plupart en tenue, qui se sont réunis mardi place Masséna, comme tous les soirs depuis le 11 octobre, selon Célya Boumedien, secrétaire départemental SGP Unité Police.
La police demande des renforts et des moyens
Si une enquête de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la "police des polices", est en cours concernant la manifestation de Paris, Bernard Cazeneuve a là aussi voulu rassurer : "Ce n'est pas pour entrer dans un cycle de sanctions, c'est pour rappeler des principes".
La grogne fait suite à une attaque au cocktail Molotov d'un véhicule de police à Viry-Châtillon (Essonne) le 8 octobre, lors de laquelle un adjoint de sécurité de 28 ans a été très grièvement brûlé. Sa collègue, une gardienne de la paix de 39 ans, également grièvement touchée, a quitté l'hôpital mardi soir.
Alors que les forces de l'ordre sont très sollicitées en pleine lutte antiterroriste, les policiers exigent notamment des renforts et des moyens, et se plaignent d'un surplus de gardes dites statiques ou de "mission indues".
Le syndicat Unité-Police SGP-FO a pour sa part appelé à une manifestation silencieuse, "une marche de la colère policière et citoyenne", le mercredi 26 octobre.
Avec AFP