
De nouveaux pourparlers internationaux se sont achevés sans avancées concrètes ce samedi à Lausanne pour tenter d'obtenir une nouvelle trêve en Syrie, notamment à Alep où la situation est catastrophique.
Des pourparlers sur la Syrie réunissant Washington, Moscou et les principaux pays de la région impliqués dans le conflit se sont achevés, samedi 15 octobre dans la soirée, à Lausanne, sans avancées concrètes, alors que la guerre se poursuivait sans relâche.
Les participants à la réunion, la moitié soutenant le régime de Damas et l'autre la rébellion syrienne, se sont séparés après un peu plus de quatre heures de discussions dans un palace cinq étoiles, et ont convenus de "prolonger les contacts", selon le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, cité par les agences de presse russes. "Nous avons dit clairement qu'il fallait au plus vite commencer le processus politique [en Syrie]", a-t-il ajouté.
Son homologue américain John Kerry a quant à lui indiqué que "des idées nouvelles" avaient été échangées au cours de la réunion. Il a cependant mentionné "la tension" et des "échanges directs mais sans rancœur".
Depuis plusieurs semaines, les bombes russes et syriennes pleuvent sans discontinuer sur Alep. La situation est telle que quatre ONG internationales, dont Save The Children, ont supplié les négociateurs de Lausanne d’établir un cessez-le-feu d'"au moins 72 heures" à Alep, pour permettre l'évacuation des blessés et l'accès de l'aide humanitaire.
Le régime de Damas et son allié russe affirment bombarder Alep pour éliminer les "terroristes". Dans un entretien au quotidien russe Komsomolskaya Pravda publiée vendredi, Bachar al-Assad a déclaré qu'il utiliserait une victoire à Alep comme "tremplin" pour capturer d'autres bastions rebelles.
"Je n’attends rien de spécial de cette réunion"
La réunion, qui a commencé à la mi-journée de samedi à Lausanne, s'est tenue dans une atmosphère particulièrement tendue entre la Russie et les Occidentaux. Presqu'un euphémisme au vu de la situation : Russes et Américains ont quasiment rompu le dialogue. Même s'ils n'ont jamais cessé les contacts téléphoniques, c'est la première fois depuis fin septembre que le chef de la diplomatie américaine John Kerry et son homologue Sergueï Lavrov se retrouvent pour négocier.
La rencontre ne visait d'ailleurs pas à trouver un résultat immédiat, mais à étudier des idées pour parvenir à une fin des hostilités, avait expliqué dans la nuit de vendredi un responsable américain accompagnant le secrétaire d'État John Kerry.
Les États-Unis, qui ne veulent plus traiter la question syrienne en tête à tête avec Moscou, désirent avoir à la table des discussions les pays régionaux "qui ont le plus d'influence sur les événements sur le terrain", avait dit ce responsable sous couvert d'anonymat. "Je ne m'attends pas à une annonce majeure à la fin de cette rencontre. Cela va être un processus très difficile", avait-t-il toutefois ajouté.
"Je n'attends rien de spécial" de cette réunion, a lancé pour sa part vendredi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.
Paris et Londres, personae non gratae
La Turquie, l'Arabie saoudite et le Qatar, qui soutiennent la rébellion, étaient présents à la réunion. Autre grand protagoniste du conflit, l'Iran, engagé militairement auprès de Damas, avait annoncé vendredi soir sa participation.
L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, était également à Lausanne, tout comme des représentants de l'Égypte, l'Irak et la Jordanie. La France et la Grande-Bretagne, en revanche, qui ont dernièrement adopté une ligne dure envers Moscou, n'avaient pas été conviés.
Depuis mars 2011, le conflit en Syrie s'est complexifié et internationalisé, provoquant la mort de plus de 300 000 personnes et dévastant le pays. Plus de 13,5 millions de Syriens, dont six millions d'enfants, ont besoin d'aide humanitaire, selon l'ONU.
Avec AFP