À l'occasion de la Semaine européenne du code qui a lieu du 15 au 23 octobre, Mashable FR a interviewé la ministre de l'Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem.
"Eh bien tu vois, tu n'avais pas besoin de moi, tout compte fait !", lance Quentin, de l'association "Les voyageurs du code". Ce vendredi 14 octobre matin, au ministère de l'Éducation nationale, le bénévole anime un atelier d'initiation au code à destination des enfants, à l'occasion du lancement de la Semaine européenne du code, qui inaugure 170 évènements partout en France du 15 au 23 octobre. Face au petit garçon qui vient de lui demander de l'aide, Quentin a préféré la maïeutique à la réponse toute faite : en lui retournant une question bien tournée (c'est ce qu'on appelle la pédagogie active), il a permis au jeune collégien de trouver la réponse par lui-même.
Voilà l'état d'esprit du code ici joliment résumé : se triturer l'esprit pour comprendre comment les choses fonctionnent et ne pas se contenter d'être un simple utilisateur. C'est dire le défi, à l'heure d'une société de consommation qui nous a surtout habitués à accumuler des biens et à nous en servir comme l'explique la notice. Or, coder, quelque soit le langage de programmation employé, c'est "vouloir ouvrir la boîte noire", s'enthousiasme Alan McCullagh, ambassadeur et coordinateur national français pour la Semaine européenne du code, auprès de Mashable FR.
"Coder, c'est apprendre à ouvrir la boîte noire"
"Il nous faut absolument démystifier le code", lance celui qui est aussi un membre très actif de la communauté Raspberry Pie. Car derrière la vulgarisation de cette discipline transversale se cache un défi de taille : montrer aux gens qu'ils n'ont pas besoin de connaissances techniques pour bidouiller... et leur faire comprendre qu'essayer, c'est déjà (être curieux et donc) gagner. "Il s'agit d'éducation populaire. C'est une façon de redonner confiance en les capacités de chacun à se saisir d'un problème et des moyens mis à disposition pour le résoudre", ajoute Alan McCullagh pour qui il est évident que le code apprend à ne plus être passif. De ce point de vue là, inviter le grand public à coder revêt sans l'ombre d'un doute des atours de démarche militante.
"Il est important de cibler le public dès son plus jeune âge, notamment à travers des interfaces ludiques et qui amusent les enfants sans qu'ils aient l'impression de travailler", poursuit Alan McCullagh. "Mais nous nous adressons également aux moins jeunes, puisqu'en offrant des ressources clés en main à chacun, on observe que tous y arrivent", affirme l'ambassadeur en référence à la formation des enseignants aux ressources numériques pédagogiques.
Ce que confirme également la ministre de l'Éducation nationale. Interrogée par Mashable FR (voir vidéo ci-dessus), Najat Vallaud-Belkacem explique que pour le moment, le code n'a pas vocation à être une matière à part entière. La ministre parle plus volontiers de "mettre du numérique dans les disciplines", rappelant que les transitions technologiques ont imposé le numérique dans presque tous les corps de métiers, "même l'agriculture, par exemple".
Heureusement, de plus en plus nombreuses sont les structures à l'origine d'initiatives pour sensibiliser au code. Parmi elles, les ateliers Magic Makers (qui proposent de créer son propre jeu vidéo, concevoir une application ou encore code dans Minecraft), l'association Declick (une plateforme ludique d'initiation à la programmation et à la création numérique ou encore Tralalère (une plateforme communautaire qui propose des applications pour apprendre à coder du Pixel Art, un jeu vidéo ou un texte augmenté), tous présentes ce 14 octobre à l'occasion du lancement de la Semaine européenne du code.
"L'engouement est mixte"
En déambulant entre les différents ateliers, qui regroupent ce matin une soixantaine d'enfants (d'écoles primaires et de collèges de la région), on se réjouit de voir que l'engouement est mixte. "Pourquoi retrouve-t-on aussi peu de jeunes filles dans les métiers numériques ?", s'interroge Najat Vallaud-Belkacem au micro de Mashable FR. Et la ministre de donner un des éléments de réponse : "Parce que la façon dont on nomme les métiers" donne l'impression que ceux-ci nécessitent des "compétences masculines"...
... "Éducation populaire", nous disait Alan McCullagh, coordinateur français de la Code Week ? On veut bien y croire. Car si apprendre à développer, c'est aussi montrer que les métiers informatiques ne sont pas réservés aux garçons et rappeler que derrière chaque système il y a un code à comprendre, alors ouvrir la programmation à tous est une mission qui emprunte autant au féminisme qu'au développement du pouvoir d’agir.
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