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D'année en année, les Bleuets n'en finissent plus de se faner

Devancés par la Macédoine dans le groupe 3 des éliminatoires de l'Euro-2017, les Bleuets ne feront pas partie du Top 12 continental. Une fâcheuse habitude pour les jeunes pousses, qui n'ont plus disputé un tournoi majeur depuis une décennie.

C’est l’histoire d’un éternel recommencement. Celui de l’échec, systématique ou presque, de l’équipe de France espoirs de football dès lors que se profilent les grandes échéances. Brillants en U19 (trois fois championne d’Europe depuis 2005) comme en U20 (championne du monde 2013), les Bleuets se fanent, génération après génération, à l’échelon supérieur.

La cuvée 2016 n’a pas fait exception à la règle. Malgré une ultime victoire en Irlande du Nord (0-3), les Espoirs français ont piteusement été éliminés de la course à l’Euro-2017 en dépit d’un groupe très largement à leur portée. Deuxième de leur poule derrière la Macédoine et juste devant l’Islande, les hommes de Pierre Mankowski n’ont même pas hérité d’un statut de barragiste, pourtant réservé aux quatre meilleurs deuxièmes des neuf groupes des éliminatoires.

Difficile de plaider l’accident de parcours, tant c’est devenu une mauvaise habitude pour ces prétendants à l’équipe de France A. Seule consolation pour les Rabiot, Tolisso, Lemar et autres Dembélé : ils pourront se ranger derrière le poids de l’histoire car si les joueurs passent, la frustration reste. Et les Bleuets vont manquer leur sixième Euro consécutif, le premier qui devait accueillir douze nations.

L'éternel grand absent

Depuis 2006 et leur dernière participation à la phase finale d’un Euro – ils avaient été éliminés en demi-finale – les Bleuets ont multiplié les déconvenues, mais aussi les frasques, à l’image de la virée nocturne de cinq d’entre eux en plein barrage pour l’Euro-2013 face à la Norvège où encore de l’affaire Kurzawa en 2015.

Des souvenirs qui contrastent avec ceux des années 80, où les Bleuets comptaient parmi les valeurs sûres de la planète football. En 1988, notamment, les jeunes Français avaient remporté le tournoi continental, en comptant dans ses rangs quelques futures stars du ballon rond comme Éric Cantona ou Laurent Blanc.

Autre contexte, même constat. Aux Jeux olympiques, où la compétition est jouée par des joueurs de moins de 23 ans depuis 1992, la France n’a jamais brillé. Tenue hors des JO à six reprises, elle n’y a pris part qu’en 1996, à Atlanta, où elle s’est hissée au stade des quarts de finale. À peine satisfaisant pour un effectif qui comptait alors dans ses rangs quatre futurs champions du monde 1998 (Candela, Pirès, Vieira, Wiltord) et quelques joueurs à la carrière notable comme Makélélé, Dhorasoo, Dacourt ou Maurice.

Sacrifiés, vraiment ?

C’est un fait, les Espoirs souffrent, dans l’ombre d’une sélection A et de clubs tout puissants qui cristallisent les ambitions de ses meilleurs éléments. Une théorie sur laquelle n’a d’ailleurs pas manqué de s’appuyer le sélectionneur de ces Bleuets, Pierre Mankowski, invité à s’exprimer sur les ondes de France Bleu Normandie au début du mois d’octobre.

"C'est vrai qu'il y a beaucoup de changements, beaucoup d'aléas, de joueurs qui passent en A… C'est une bonne chose, c'est l'objectif de l'équipe de France espoirs mais cela empêche d'avoir une notion de groupe très importante. […] Et il y a surtout, je pense, le problème de la motivation.[…] Quand vous jouez dans des tout petits pays, la motivation des Espoirs est très difficile à trouver", expliquait-il alors.

Un argumentaire qui s’entend, même s’il ne saurait expliquer à lui seul les échecs répétés des espoirs au plus haut niveau. En témoignent les performances de leurs homologues des autres "grandes" nations footballistiques continentales.

Depuis 1988 et la dernière victoire des Bleuets à l’Euro, l’Italie (5), l’Espagne (4) et l’Allemagne (1) ont trusté dix des 14 trophées mis en jeu sur le continent. Des nations qui ont par ailleurs toutes décroché au moins une médaille olympique au cours de ces vingt dernières années. Et il est bien difficile d’imaginer que les jeunes pousses de ces grands d’Europe aient pu sacrifier leurs ambitions au plus haut niveau pour y parvenir.