Le Front national et son ex-président se sont affrontés ce mercredi devant la justice. En jeu : la réintégration de Jean-Marie Le Pen au sein du parti qu’il a cofondé mais dont il a été exclu après des mois de bras de fer avec sa fille, Marine.
Jean-Marie Le Pen contre le Front national (FN) : quatrième round. Le Pen père s'est présenté, mercredi 5 octobre, devant la justice pour demander l’annulation de sa suspension et sa réintégration au FN, parti qu’il a cofondé et incarné pendant près de 40 ans avant d’en être banni l’an dernier.
Le tribunal de grande instance de Nanterre, près de Paris, rendra sa décision le 17 novembre.
Jean-Marie Le Pen, 88 ans, avait été suspendu du FN en mai 2015, puis exclu le 20 août par le bureau exécutif, après un long bras de fer avec Marine Le Pen, actuelle présidente du parti et accessoirement sa fille. Les provocations à répétition de son père, sur la Shoah et le maréchal Pétain, ont été jugées pénalisantes pour la stratégie de "dédiabolisation" menée par sa fille Marine Le Pen.
"Ces griefs sont dérisoires, ridicules", "une construction saugrenue pour essayer d'étayer une exécution" politique, a plaidé son avocat, Me Frédéric Joachim, devant les juges civils. "C'est une page de l'histoire de France que l'on essaie de tourner", a-t-il ajouté, rappelant, "ironie de l'histoire", que Jean-Marie Le Pen avait cofondé le parti il y a "44 ans, jour pour jour".
"Sophocle, Œdipe Roi, Les Frères Karamazov, Hamlet... La tragédie littéraire est riche de ce genre d'affaires, mais là, il s'agit d'hommes", a poursuivi l'avocat, évoquant un "parricide".
La défense de Jean-Marie Le Pen, pour demander au tribunal d'annuler son exclusion et d'ordonner sa réintégration parmi les membres du parti, a notamment tenté de démontrer que le bureau exécutif du FN qui l'a exclu était incompétent, et donc que sa décision était nulle.
Président d’honneur "à vie"
À trois reprises déjà, la justice a donné à Jean-Marie Le Pen raison face au Front national. D'abord en annulant sa suspension puis, à deux reprises, en suspendant le congrès censé supprimer son statut de président d'honneur. Jean-Marie Le Pen demande cette fois au tribunal d'annuler son exclusion, "entachée d'irrégularités de forme et de fond" et d'ordonner sa "réintégration parmi les membres" du parti.
En outre, lui qui s'estime président d'honneur "à vie" du FN, demande à la justice de déclarer que son exclusion en tant que membre ne saurait le priver de ce titre et des prérogatives qui y sont attachées, et de lui permettre notamment de siéger à nouveau au sein des instances dirigeantes du parti.
Dénonçant "un grand nombre de voies de fait", il réclame enfin au Front national, qu'il a cofondé en 1972, deux millions d'euros en réparation d'un "très grave préjudice" porté à sa fonction de président d'honneur, mais aussi "à sa dignité, son honneur, sa notoriété et son action politique".
Le Front national, par la voix de son avocat, Me Georges Sauveur, s'est pour sa part attaché à rappeler la "gravité" des provocations de Jean-Marie Le Pen: "Oui, ces propos constituent des motifs graves qui justifient une exclusion. Il a été condamné !"
L'avocat du parti a également cité de nombreuses déclarations de Jean-Marie Le Pen critiques envers la direction du FN et sa ligne politique.
"Aujourd'hui, c'est M. Le Pen qui est devenu un détail de l'histoire du Front national", a-t-il conclu.
Soutenir Marine en 2017…ou pas
Avec AFP