Au lendemain de l'attentat meurtrier perpétré à Bagdad, plusieurs personnes ont trouvé la mort dans deux attaques menées dans le pays. Au grand dam du Premier ministre, Nouri al-Maliki, qui s'inquiète des actes antichiites.
AFP - Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a fustigé jeudi le silence des pays arabes et musulmans face à la multiplication des attentats antichiites qui ensanglantent son pays à l'approche du retrait américain des villes prévu le 30 juin.
"Nous appelons la communauté internationale, et particulièrement les pays arabes et musulmans, à prendre une position claire face à ces crimes horribles car le silence n'est plus acceptable", a-t-il dit dans un communiqué.
Les sunnites sont le courant majoritaire de l’islam. Le monde musulman est selon les estimations composé de 87% de sunnites et de 13% de chiites. Ces derniers sont notamment majoritaires en Iran et en Irak.
En deux semaines, plus de 150 personnes ont péri dans des attentats qui ont visé spécialement la communauté chiite dans plusieurs villes du pays. Mercredi soir, sur un marché du quartier pauvre de Sadr City, 62 personnes ont trouvé la mort dans l'explosion d'un tricycle motorisé à une heure de grande affluence.
Jeudi, deux personnes ont été tuées et 31 blessées dans deux attentats, l'un à la bombe et l'autre à la voiture piégée à deux heures d'intervalle, à l'entrée et dans la gare routière du quartier en majorité chiite de Bayaa, dans le sud-ouest de Bagdad.
Samedi, dans l'attentat le plus meurtrier depuis un an et demi en Irak, 72 personnes avaient péri dans la province de Kirkouk, à 250 km au nord de Bagdad. Un kamikaze a fait exploser son camion rempli d'une tonne d'explosifs ravageant le centre de la localité de Taza, une ville habitée par des turcomans chiites.
M. Maliki a accusé sans le nommer le mufti de la Mecque, l'un des plus importants personnages religieux d'Arabie Saoudite, pays qui se considère comme la citadelle du sunnisme, d'avoir incité à ces violences par des propos haineux à l'égard des chiites.
"Malheureusement, nous observons un silence suspect de la part de beaucoup de gouvernements à propos de fatwas (décrets religieux) publiés de temps à autre et qui appellent aux meurtres, à l'excommunication et à la haine", a-t-il dit dans un communiqué.
Cheikh Adel al-Gilbani, avait déclaré au début du mois à la BBC: "les religieux chiites sont sans aucun doute des renégats et il peut à la rigueur y avoir un débat pour savoir si tous les chiites le sont ou pas".
Selon l'islam, il est permis de tuer un renégat et l'auteur du meurtre ne peut être poursuivi. Gouverné pendant 80 ans par les sunnites, l'Irak est dirigé par les chiites depuis la chute de Saddam Hussein en 2003.
Les relations entre l'Arabie et l'Irak sont mauvaises. Le roi saoudien Abdallah a refusé au moins deux fois de recevoir M. Maliki car il lui reproche de marginaliser la communauté sunnite.
Pour le Premier ministre, "ce sont les takfiris (extrémistes sunnites) et les baassistes, appuyés par d'autres parties, qui sont derrière les crimes terroristes de Sadr City et de Baya", à Bagdad.
"A l'approche du 30 juin, date du retrait américain des villes, la rage des auteurs de la violence confessionnelle va en grandissant et ceux qui les incitent en propageant une idéologie takfiri sont derrière les terribles massacres endurés par les Irakiens ces dernières années", a assuré M. Maliki.
A quelques jours du retrait américain des villes irakiennes, les responsables irakiens estiment que les auteurs des attentats entendent miner la confiance des forces de l'ordre irakiennes et contraindre les soldats américains à intervenir afin de montrer que l'accord de sécurité signé entre Bagdad et Washington n'est qu'un morceau de papier.
"Leur plan est d'accroître le confessionnalisme, de créer le chaos, de faire échouer le processus politique et d'empêcher le peuple irakien de rétablir sa souveraineté", a-t-il insisté.