![Michel Barnier, le "Monsieur Brexit" redouté au Royaume-Uni Michel Barnier, le "Monsieur Brexit" redouté au Royaume-Uni](/data/posts/2022/07/21/1658430209_Michel-Barnier-le-Monsieur-Brexit-redoute-au-Royaume-Uni.jpg)
L’ancien ministre et commissaire européen Michel Barnier a pris, samedi, ses fonctions de négociateur en chef sur le Brexit. L’homme est vu comme la "bête noire de la City" outre-Manche. Lui assure vouloir trouver un partenariat "gagnant-gagnant".
Le Français Michel Barnier prend officiellement ses fonctions de "Monsieur Brexit", samedi 1er octobre. Derrière ce surnom, il y a le titre, plus officiel, de négociateur en chef chargé, au nom de la Commission européenne, de préparer le divorce entre l'Union européenne et le Royaume-Uni.
Habitué des postes à hautes responsabilités, Michel Barnier, 65 ans, a notamment été ministre des Affaires étrangères, ministre de l’Agriculture, commissaire européen au marché intérieur et aux services ou encore commissaire européen à la politique régionale. Voilà donc un homme rompu aux négociations. Et ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il aura à faire aux Britanniques, puisqu’il fut l’architecte, entre 2010 et 2014, de la mise en place de l’Union bancaire européenne, pour laquelle il fallut convaincre les banques anglaises d’accepter le jeu de la régulation financière.
"Difficile de trouver une personnalité plus anti-Britannique"
Juncker appoints Michel Barnier as EU Commission's Brexit negotiator. Hard to think of a more anti-British figure, declaration of war.
— Tom Newton Dunn (@tnewtondunn) 27 juillet 2016Pour voir les images et vidéos sur votre smartphone ou tablette, cliquez ici.
À ce titre, sa réputation de "bête noire de la City" lui colle toujours à la peau au Royaume-Uni. La réaction du chef du service politique du quotidien The Sun, lors de sa nomination, fin juillet, pour négocier le Brexit, en est la preuve. "[Le président de la Commission européenne Jean-Claude] Juncker nomme Michel Barnier chef des négociations sur le Brexit pour la Commission de l’UE. Difficile de trouver une personnalité plus anti-Britannique, déclaration de guerre", lançait-il ainsi sur Twitter.
Il faut dire que la presse anglaise ne l’avait pas épargné lors des négociations sur la régulation financière. Le Telegraph posait notamment la question : "Michel Barnier est-il l’homme le plus dangereux d’Europe ?", tandis que le Financial Times titrait "Barnier vs the Brits".
Un "négociateur talentueux", "un Delors du centre droit"
Cette image de dur à cuire tranche pourtant nettement avec celle que véhicule Michel Barnier sur le reste du continent. Jugé plutôt consensuel par ses collègues, l’ancien sénateur de la Savoie est même vu en France comme un politicien effacé, un homme préférant travailler les dossiers et adepte du compromis.
Ce n'est donc pas une surprise s'il se défend d’être, par nature, opposé à la City et rappelle qu’à force de diplomatie, il a su convaincre les Britanniques d’accepter la régulation financière. "Finalement, nous sommes intelligemment parvenus à [...] embarquer le Royaume-Uni avec nous", s’est-il félicité récemment. "C'est donc possible et mon objectif [lors des négociations sur le Brexit] sera de trouver un accord ‘gagnant-gagnant’ pour tous", assurait-il.
À en croire Jean-Claude Juncker, un tel accord est possible et il n’y avait pas meilleur choix pour ce poste. Lors de la nomination de Michel Barnier fin juillet, le président de la Commission européenne l’a ainsi qualifié de "négociateur talentueux". Son travail en faveur de la régulation financière fut aussi salué par l’ensemble des députés européens. Daniel Cohn-Bendit, qui l’avait soutenu dans sa campagne pour prendre la tête de la Commission en 2014, avait même vu en lui, comme le rappelle Les Échos, "un Delors du centre droit".
Mais même si Michel Barnier connaît bien l'eurosceptique David Davis, chargé de négocier le Brexit côté britannique, les discussions sur le futur "partenariat" seront toutefois délicates, notamment concernant l’accès au marché unique européen. Londres cherchera en effet à y rester. Bruxelles, de son côté, aura à cœur de faire preuve de fermeté en s’opposant à ce que le Royaume-Uni en bénéficie s’il ne respecte pas le principe de libre circulation des personnes, en particulier de la main-d’œuvre d’Europe de l’Est.
Le nouveau "Monsieur Brexit" a encore quelques mois pour préparer ses arguments, car il est hors de question pour Bruxelles de négocier avec les Britanniques tant qu’ils n’auront pas activé la clause de retrait, encore jamais utilisée. C'est cette dernière qui régit la séparation d’un pays avec l’UE, or elle ne devrait pas intervenir avant début 2017. D’ici là, Michel Barnier compte sonder les avis des 27 États membres.
Avec AFP