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Google roule pour Hillary Clinton : la nouvelle théorie du complot de Donald Trump

Le candidat républicain à la présidentielle américaine a affirmé, mercredi, que Google censurait des mots-clés péjoratifs associé au nom d’Hillary Clinton. Il reprend à son compte une théorie du complot développée par la presse russe pro-Kremlin.

Donald Trump s’est trouvé une nouvelle bête noire : le grand méchant Google. Le candidat républicain à l’élection présidentielle américaine a affirmé, mercredi 28 septembre, que le moteur de recherche supprimait volontairement des termes négatifs lors des recherches sur Hillary Clinton.

Cette sortie du milliardaire-politicien intervient deux jours après le premier débat entre les deux prétendants à la présidence des États-Unis, remporté d’après les sondages et… les recherches sur Google par Hillary Clinton.

Vidéo virale

En faisant sienne cette théorie du complot, Donald Trump suggère que le roi de l’Internet roule pour son adversaire et laisse entendre que l’information sur Internet est biaisée en sa défaveur, explique CNN.

Reste que l’accusation qu’il existerait un axe Google-Hillary Clinton est bien fragile. Donald Trump est allé puiser l’inspiration une nouvelle fois côté russe. Le site d’information Sputnik a développé cette thèse le 12 septembre dans un article intitulé “Clinton-Google, un tandem sacré, ou quand le géant du Web aide Hillary à l’emporter”. La théorie a également été reprise par la chaîne d’information pro-Poutine Russia Today.

Ces médias s’appuient sur deux arguments qui ont déjà été discrédités par le passé. Au cœur de cette théorie se trouve l’outil de saisie semi-automatique du moteur de recherche Google. Une chaîne YouTube, SourceFed, avait affirmé en juin 2016 dans une vidéo devenue virale, qu’en tapant les mêmes débuts de phrases dans Google, Yahoo, Bing (Hillary Clinton cri.., Hillary Clinton in…,), les suggestions du roi des moteurs de recherche étaient bien plus clémentes avec la candidate démocrate que celles des concurrents de Google. Il ne proposait pas “Hillary Clinton criminal record" (casier judiciaire) ou “Hillary Clinton indictment" (mise en examen) contrairement à Yahoo ou Bing. Pour la "Hillary Clinton cri...", Google suggère "crime reform" (réforme pénale) ou "crisis" (crise).

Thèse erronée, ont répondu Google ainsi que des spécialistes des moteurs de recherches. “Notre algorithme de saisie automatique ne répondra pas à une recherche offensante lorsqu’elle concerne une personnalité”, a précisé le moteur de recherche. La spécialiste des campagnes de publicité sur Google, Rhéa Drysdale, précise que le géant de l’Internet “sait quand une recherche est factuellement fausse et l’algorithme n’en tient pas compte”. Hillary Clinton n’a jamais eu de casier judiciaire et n’a pas été mise en examen, ce qui explique pourquoi Google ignore ces termes.

Epstein vs Google

Peu importe à Sputnik - et à Donald Trump - qui ajoute à cette première fausse polémique une étude d’un “célèbre psychologue” sur l’impact que pourrait avoir une “manipulation par Google de son moteur de recherche en faveur d’un candidat” sur les intentions de vote. Robert Epstein, le fondateur du Cambridge Center for Behavioral Studies (Centre Cambridge pour les recherches comportementales - qui n’a rien à voir avec l’université de Cambridge), y affirme que plusieurs millions d’électeurs pourraient être enclins à voter pour Hillary Clinton à cause du moteur de recherche “partial” de Google.

Problèmes : Robert Epstein avait déjà, en vain, tenté de démontrer que Google pouvait fausser des élections en Inde en 2015. Le quotidien britannique The Guardian avait alors prouvé que l’approche du psychologue américain était pour le moins bancale et qu’il se contentait de montrer que les électeurs étaient influencés par Google, sans pour autant apporter la preuve d'une manipulation par le moteur de recherche.

En outre, Robert Epstein nourrit une rancœur personnelle à l'encontre du géant américain, qu’il a accusé en 2012 de vouloir “ternir sa réputation” à la suite d'une sombre histoire de site personnel bloqué par Google.

Une vidéo aux conclusions erronées et un scientifique à l’objectivité discutables. Telles sont les deux seules sources qui permette à Donald Trump d’affirmer publiquement que Google soutient Hillary Clinton.