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Syrie : Obama défend sa politique "judicieuse" et son refus d'envoyer des troupes américaines au sol

Le président des États-Unis a expliqué, mercredi, qu'il ne voyait pas comment mettre fin à la guerre civile en Syrie sans envoyer des troupes américaines au sol, ce qu'il refuse de faire en raison des "sacrifices" que cela impliquerait.

Pressé d'offrir une réponse plus musclée face à l'aggravation de la situation en Syrie, Barack Obama a déclaré, mercredi 28 septembre, qu'il n'avait pas encore entendu d'idées pour mettre un terme à la guerre qui n'impliqueraient pas l'envoi en grand nombre de troupes américaines au sol, ce qu'il refuse catégoriquement.

"En Syrie, il n'existe aucun scénario, hormis le déploiement d'un grand nombre de troupes de notre part, qui nous permettrait de faire cesser une guerre civile dans laquelle chaque partie reste profondément campée sur ses positions", a ainsi déclaré le président américain lors d'un débat organisé dans la base militaire de Fort Lee et retransmis sur CNN.

Barack Obama a ajouté qu'il était important pour lui d'être "judicieux" dans l'envoi de troupes en raison des "incroyables sacrifices" que cela impliquerait et également parce que l'armée américaine reste engagée en Irak et en Afghanistan.

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— CNN (@CNN) 29 septembre 2016

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"Il existe des défis dans le monde qui ne concernent pas directement notre sécurité, où nous devons apporter une aide, mais où se contenter d'envoyer davantage de troupes n'est pas la réponse", a encore estimé le chef de la Maison Blanche.

Les critiques de la politique d'Obama en Syrie estiment que son objectif affiché, le départ du président syrien Bachar al-Assad, n'est pas assorti de moyens suffisants, qu'il aurait fallu armer les rebelles plus tôt, et davantage, ou permettre aux alliés de Washington de le faire, ou utiliser la puissance militaire américaine pour faire basculer le conflit.

Menaces de John Kerry vis-à-vis de la Russie

Des experts de politique étrangère, qu'ils soient membres de l'administration ou extérieurs à la Maison Blanche, regrettent en particulier la décision du président américain de ne pas avoir lancé de frappes aériennes contre Damas en 2013, alors même que le régime syrien, en utilisant des armes chimiques, avait franchi la "ligne rouge" qu'il avait lui-même fixée.

Selon des responsables interrogés mercredi, l'administration Obama a commencé à envisager des réponses plus dures face à l'offensive menée par le régime syrien et son allié russe depuis la semaine dernière à Alep, y compris des options militaires, mais ces discussions "inter-agences" n'ont pas encore pris la forme de recommandations auprès du président.

Le porte-parole du département d'État, John Kirby, a reconnu, sans donner de détails, que des options "qui ne tournent pas autour de la diplomatie" étaient actuellement examinées.

Ces délibérations surviennent alors que le secrétaire d'État américain, John Kerry, a menacé, mercredi, de cesser de coopérer avec la Russie sur le dossier syrien si Moscou ne fait pas le nécessaire pour mettre fin à son assaut. Washington et la Russie ont parrainé une trêve qui s'est effondrée le 19 septembre.

Avant que toute action soit prise, a noté un responsable, il faudra d'abord que Washington "concrétise la menace de Kerry et rompe ses discussions avec les Russes" sur la Syrie.

L'envoi d'armes plus sophistiquées à la rébellion ?

Selon ces responsables s'exprimant en souhaitant rester anonymes, l'échec de la diplomatie américaine ne laisse pourtant pas d'autre choix que d'examiner des solutions alternatives, telles que l'envoi d'armes plus sophistiquées à la rébellion, ce qui semble plus probable aujourd'hui même si Washington s'y est opposé jusqu'alors.

Une autre option évoquée serait une frappe aérienne contre une base de l'armée syrienne, mais cela est considéré comme peu probable car elle pourrait faire des victimes russes, ont ajouté ces responsables.

Parmi les autres idées évoquées à Washington figurent l'envoi de forces spéciales supplémentaires pour entraîner les groupes rebelles kurdes et syriens et le déploiement de forces navales et aériennes supplémentaires dans l'est de la Méditerranée, région vers laquelle le porte-avions français Charles-de-Gaulle se dirige actuellement.

Un pont aérien humanitaire vers les zones tenues par les rebelles, qui impliquerait la mise en place d'escortes aériennes, a également été envisagé mais cela a été considéré comme trop risqué et "retiré de la liste", selon un responsable.

Avec Reuters