Les armées de l'air syrienne et russe mènent depuis près d'une semaine une intense campagne de bombardements sur les quartiers tenus par les insurgés dans l'est d'Alep. Mercredi, à l'aube, les deux principaux hôpitaux ont été touchés.
La ville d’Alep est devenue un tombeau à ciel ouvert. Les deux plus grands hôpitaux de la partie rebelle de la deuxième ville du pays, qui fonctionnaient déjà avec grande difficulté en raison de la guerre civile, ont été touchés par des bombardements.
À l’aube, vers 1 h MT, les deux établissements ont été endommagés, l’un par un raid aérien, l’autre par un tir d’artillerie. Ils ont dû suspendre leurs activités, annonce la Syrian American Medical Society (SAMS), l'ONG basée aux États-Unis qui les gère.
.@MSF : selon sources médicales à l'est #Aleppo, depuis 21 sept. les hôpitaux ont reçu plus de 800 blessés et il y aurait plus de 270 morts
— MSF France (@MSF_france) 28 septembre 2016"Je suis à l'intérieur de l'hôpital. Je m'y trouvais quand le bombardement a eu lieu. Tout le monde est terrifié et a peur qu'on soit les nouvelles victimes d'aujourd'hui", a confié Aref al-Aref, un membre du personnel médical, contacté depuis Beyrouth. À sa demande, l'AFP ne publie pas la localisation des deux hôpitaux pour des raisons de sécurité.
Les armées de l'air syrienne et russe mènent depuis près d'une semaine une intense campagne de bombardements sur les quartiers tenus par les insurgés dans l'est de la deuxième ville du pays, réduisant en poussière de nombreux bâtiments.
La violence des frappes, sans précédent à en croire les habitants et des ONG, est telle que le pape François a lancé "un appel à la conscience des responsables des bombardements, qui devront rendre compte devant Dieu".
Plus que six hôpitaux en activité
Dans l'un des hôpitaux touchés, trois employés ont été blessés, dont le chauffeur d'une ambulance, une infirmière et un comptable, d'après Adham Sahloul, de SAMS. Dans l'autre hôpital, un générateur a été complètement détruit.
Qualifiant les attaques de "délibérées", Adham Sahloul a précisé que ces établissements, dotés des services d'urgence et d'unités de traitement des traumatismes, avaient essuyé de précédentes frappes dans le passé.
"Il ne reste plus que six hôpitaux en activité" dans les quartiers est d'Alep, a-t-il déploré. Et "s'il y a une nouvelle offensive, cela signera l'arrêt de mort pour des centaines de personnes".
.@MSF : blessés graves et malades critiques devraient être évacués hors de l'est #Aleppo. Mais ils y sont piégés et en danger de mort
— MSF France (@MSF_france) 28 septembre 2016"Les gens blessés et malades qui se trouvent dans un état grave doivent être évacués d'Alep-Est", a plaidé dans un tweet Médecins sans frontières. "Pour le moment, ils sont piégés et peuvent mourir."
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait déjà averti, mardi, que les installations médicales dans ce secteur étaient au bord d'"une destruction totale". Elle a également appelé "à l'établissement immédiat de couloirs humanitaires pour évacuer les malades et les blessés".
Alep-Est ne tiendra "pas plus d'un mois"
En annonçant son offensive, l'armée syrienne avait appelé les habitants d'Alep-Est à partir vers les zones gouvernementales. Mais la majorité des habitants en zones rebelles craignent d'être arrêtés s'ils passent à Alep-Ouest.
Plus de 165 personnes, en très grande majorité des civils, ont été tuées depuis jeudi dans le secteur rebelle d'Alep, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Raed Saleh, le chef des Casques blancs syriens - la Défense civile en territoire rebelle -, a mis en garde dans une interview à l'AFP qu'Alep-Est ne tiendra "pas plus d'un mois" en raison de la destruction des services publics municipaux. "Il n'y aura plus d'eau, plus d'électricité, plus de carburant et les hôpitaux ne pourront plus continuer à fonctionner", a-t-il déclaré.
Dans la partie gouvernementale, à Aziziya, deux civils ont été tués et 10 autres ont été blessés par des roquettes tirées par les rebelles, selon une source hospitalière.