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Les outils de vérification des faits mis en ligne par la candidate démocrate ont connu un franc succès. Mais n'ont pas empêché Donald Trump de dire n’importe quoi.
On ne sait pas qui a gagné lors du débat Clinton-Trump, mais la vraie star était sans doute le fact-checking. Tous les médias ont déployé leur escadron de journalistes pour vérifier les déclarations des candidats au fur et à mesure. Et des comptes Twitter comme Politifact – dont le slogan est "connaître la vérité dans la politique" – publiaient aussi leurs corrections tout au long débat. Mais les professionnels des médias étaient loin d'être les seuls à recouper des infos ce soir-là.
Pendant le débat télévisé, des millions de personnes se sont tournées vers les outils de vérification des faits "estampillés Hillary Clinton", rapporte Wired. La veille en effet, l’équipe de campagne a publié une page de blog en forme de plan de bataille pour "debunker" Trump, affirmation après affimation. Par exemple, lorsqu'il assure être un bon businessman ou n’avoir aucun lien avec les militants d’extrême droite de l’Alt-Right.
"Literally Trump" ou les archives des déclarations de Trump
C’est surtout le module appelé Literally Trump, sorte de moteur de recherche compilant toutes les anciennes déclarations du candidat républicain, qui a connu le succès le plus franc. Pendant le débat, Clinton a demandé aux spectateurs d’y aller "pour connaître les faits".
"S’il vous plaît, les fact-checkeurs, au travail."
Il faut dire que Trump, mi-candidat mi-troll, est connu pour déformer – voire pulvériser – la réalité au gré de ses envies et de ses besoins. Deux fois pendant le débat, Clinton s’est donc adressée "aux fact-checkeurs", persuadée que les faits lui donnaient raison : "J’espère que les fact-checkeurs ont monté le son et travaillent dur." Puis : "S’il vous plaît, les fact-checkeurs, au travail."
Résultat : deux millions de personnes ont consulté le site de la campagne cette heure-là. Dix fois plus que ce qu’il n’a amais connu en une heure.
Quand les politiques propagent les rumeurs
Ce qui n’a pas empêché Trump d’affirmer qu’il n’a jamais soutenu la guerre en Iraq, ou bien que la campagne de Clinton de 2008 a lancé le mouvement "Birther" contre Obama (qui consiste en la proclamation haut et fort que l'actuel président des États-Unis n'est pas né sur le territoire américain).
Wired note aussi que le sénateur républicain et conservateur Chris Christie a déjà écrit sur son blog que les fact-checkeurs n’étaient pas neutres et avaient un "agenda". Bref, des démentis, même par dizaines, auront sûrement du mal à convaincre les plus fervents supporters de Trump, qui n’iront probablement pas s’informer sur le site de Clinton. Pas plus que via les médias traditionnels, que certains affirment acquis à la cause de Clinton.
Ce qui soulève la question, que se posent déjà les fact-checkeurs du monde entier : à l’époque où chacun peut trouver sa propre vérité sur Internet, vérifier les faits a-t-il encore un sens ?
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