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Quatre mois après la crise, Sarkozy se rend aux Antilles

Le président Nicolas Sarkozy est attendu en Martinique et en Guadeloupe pour les états généraux de l'outre-mer. Il tentera d'apaiser la crise politique et sociale qui demeure quatre mois après les grèves qui ont paralysé ces départements.

 
AFP - Quatre mois après les violentes grèves qui ont secoué les Antilles, Nicolas Sarkozy se rend jeudi et vendredi à la Martinique et en Guadeloupe pour apporter sa pierre aux états généraux ouverts afin de tenter de remédier à une crise politique et sociale persistante.

Annoncée pour le coup d'envoi de cette grande consultation, la visite du chef de l'Etat, la troisième de son quinquennat en outre-mer après la Guyane et la Martinique l'an dernier, est restée longtemps suspendue à un "retour au calme" après l'agitation du début d'année.

De janvier à mars, la Guadeloupe et la Martinique ont été paralysées par une longue grève. Parti d'une simple revendication en faveur d'une hausse des bas salaires, le mouvement a rapidement prospéré sur fond de crise économique, d'injustice sociale et de malaise identitaire, pour culminer avec plusieurs nuits d'émeutes et la mort d'un syndicaliste guadeloupéen.

Longtemps en retrait, Nicolas Sarkozy a calmé la colère le 19 février en débloquant 580 millions d'euros qui ont notamment permis d'offrir aux bas salaires les 200 euros réclamés par les grévistes. Et pour préparer l'avenir, il a lancé des états généraux voulus comme un "débat sans tabou" sur tous les sujets.

Aujourd'hui, les mesures d'urgence sont en vigueur et ce que l'ex-secrétaire d'Etat Yves Jégo, très critiqué pendant la crise et débarqué au remaniement de mardi, a qualifié de "plus grande consultation jamais réalisée en outre-mer" bat son plein.

Avant une synthèse des travaux et les premières décisions attendues en octobre du tout nouveau conseil interministériel de l'outre-mer, Nicolas Sarkozy vient aux Caraïbes apporter sa contribution au débat.

"Le président va livrer ses propres idées, suggestions et intuitions à la réflexion qui doit permettre de bâtir un modèle refondé de relations entre les Antilles et la métropole", explique-t-on à l'Elysée.

Outre la "promesse d'égalité" réitérée lundi devant le Congrès de Versailles aux 2,6 millions de Français d'outre-mer, il doit profiter de son séjour "pour rappeler un certain nombre de principes républicains", glisse son entourage.

Dans le collimateur, les actions musclées du fer de lance de la contestation en Guadeloupe, le collectif LKP, qui suscitent selon l'exécutif un "malaise persistant". Même si le climat s'est apaisé, le mouvement incarné par l'emblématique Elie Domota a maintenu la pression en refusant de participer aux états généraux. "Tout a déjà été décidé par l'Etat", a-t-il argué.

En mai, le LKP s'est illustré en occupant le Conseil général et vient de décréter, pour la visite du président, "une semaine de mobilisation" avec grève, manifestations et blocage de stations-service. Près de 900 gendarmes mobiles ont été acheminés en renfort aux Antilles au cas où...

"Il n'y a aucune raison objective de reprendre le conflit", assurait récemment Yves Jégo. "Pendant la crise, le LKP a dénoncé des choses qui n'allaient pas sur le terrain social, c'est vrai. Mais maintenant, l'opinion publique ne le soutient plus, son discours indépendantiste fait peur".

Nicolas Sarkozy a justement prévu d'évoquer la question institutionnelle, notamment en réponse à la demande des élus de Martinique de reporter les régionales de 2010 en vue d'un éventuel référendum sur l'autonomie.

Le patronat d'outre-mer lui a demandé de lever les incertitudes sur le sujet, afin de rassurer les opérateurs économiques.

A peine nommée à la place d'Yves Jégo, la Guadeloupéenne Marie-Luce Penchard, conseillère pour l'outre-mer à l'Elysée, étrennera ses nouveaux galons à l'occasion de ce déplacement.