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Brésil : l'ex-président Lula sera jugé pour corruption en lien avec le scandale Petrobras

L'ancien président brésilien Lula va être jugé pour corruption, a-t-on appris dans une ordonnance judiciaire rendue publique mardi. On l'accuse d'avoir touché 1,1 million de dollars, en lien avec le scandale Petrobras.

L'ancien président Luiz Inacio Lula da Silva, à la tête du Brésil de 2003 à 2010, sera jugé pour corruption et blanchiment d'argent dans un volet du tentaculaire scandale politico-financier Petrobras, a annoncé le juge fédéral Sergio Moro dans une ordonnance rendue publique mardi 20 septembre.

Les procureurs chargés de l'enquête avaient accusé Lula, le 14 septembre, d'avoir été le "bénéficiaire direct" de largesses du groupe de BTP OAS à hauteur de 3,7 millions de réais (1,1 million de dollars). Selon eux, la générosité d’OAS s’appuierait sur des "sommes illicitement perçues lors de la passation de marchés truqués par Petrobras", et l'ex-président en connaîtrait l’origine frauduleuse.

Selon le parquet, le groupe de BTP aurait octroyé ces avantages en nature, "à travers l'achat, la personnalisation et décoration" d'un triplex dans la station balnéaire de Guaruja, dans l'État de Sao Paulo (sud-est). Lula avait mis une option et payé une avance en vue de l'achat de cet appartement alors en construction, avant de renoncer à son acquisition. Le triplex est toujours au nom d'OAS et Lula conteste formellement en être le propriétaire de fait.

"Faits et preuves suffisants"

Le juge Moro a estimé dans son ordonnance que "les faits et preuves sont suffisants pour juger recevable la dénonciation" du parquet, "sans préjuger de l'issue d'un ample débat contradictoire au cours duquel les accusés, dont l'ex-président, auront toutes les opportunités de se défendre".

"Il est opportun de ne pas oublier que d'autres investigations sont en cours à propos de présumés avantages reçus par l'ex-président", a-t-il ajouté. Lula est visé par trois enquêtes dans le cadre du scandale Petrobras, une affaire qui a coûté plus de deux milliards de dollars à la compagnie-phare du Brésil et bénéficié à des dizaines de responsables politiques de divers partis, à des entrepreneurs du BTP et à des directeurs de Petrobras.

Une "farce" selon Lula

Mardi, dans sa première réaction, Lula a qualifié de "farce" et de "spectacle pyrotechnique" les accusations à son encontre, lors d'une vidéoconférence organisée par ses avocats. Il a toujours rejeté les charges contre lui et dénonce le caractère politique de cette affaire visant à l'éliminer de la course à la présidentielle de 2018.

Son épouse, Maria Leticia, et six autres personnes dont Leo Pinheiro, ex-patron d'OAS, et le président de l'Institut Lula, Paulo Okamoto, font également l'objet d'une inculpation.

Moins de trois semaines après la destitution controversée de Dilma Rousseff, la mise en accusation formelle de l'ex-président représente un nouveau coup dur pour le Parti des travailleurs (gauche), qui craint une déroute historique aux élections municipales d'octobre, au sortir d'un règne de 13 ans à la tête du Brésil.

Avec AFP