Grâce aux ondes térahertz et aux chercheurs du MIT, on pourra bientôt juger un livre par sa couverture.
Au collège, les plus malins d'entre nous ont réussi l'exploit de "lire" "L’Assommoir" de Zola ou "Bel Ami" de Maupassant sans prendre la peine de les feuilleter. La solution avait un nom : Internet - et ses biens pratiques résumés en libre accès.
Des chercheurs du MIT sont récemment parvenus à la même prouesse : lire un livre sans l’ouvrir. Littéralement. Ils viennent de publier dans la revue Nature leurs méthodes pour (en gros) lire des lettres écrites sur une pile de feuilles.
Ondes térahertz
Ces physiciens ont fabriqué une machine qui utilise des ondes térahertz, une méthode de pénétration de surface, comme les rayons X et les ultrasons. Intermédiaire entre les fréquences radioélectriques des micro-ondes et les fréquences optiques de l’infrarouge, les ondes térahertz ou rayon T sont capables de distinguer l’encre de la page blanche. Et contrairement aux rayons X, les rayons T ne sont pas ionisants. Autrement dit, ils gardent intacts les organismes et la matière.
Cette technique de radiation est aussi celle qui a été utilisée pour lire à travers une enveloppe il y a dix ans. C'est ce qui a inspiré Barmak Heshmat, un des chercheurs du MIT qui a participé à l’étude, peut-on l'entendre expliquer dans cette vidéo de présentation :
Décrypter les "captchas"
Mais lire à travers un livre est moins aisé que lire à travers une enveloppe. Une des difficultés réside dans le fait que l'onde ne se comporte pas de façon stable entre les pages. La majeure partie est soit absorbée, soit réfléchie par la page (ce qui permet de "voir" les lettres), mais une partie de l’onde va rebondir de façon anarchique entre les pages avant de revenir vers la caméra. Et il faut ensuite nettoyer tout ce bruit.
Pour cela, deux algorithmes ont été mis au point : l’un pour transformer le reflet que l’encre renvoie en image, l’autre pour reconnaître les lettres, très déformées, à partir de cette image.
Une invention pas très rassurante pour les "captchas" (ces lettres déformées qui vérifient que vous n’êtes pas un robot), explique Barmak Heshmat, un des chercheurs du MIT. Ils ont presque tous été crackés par leur machine.
Côté application pratique, Barmak Heshmat assure que "le Metropolitan Museum of Art de New York est très intéressé, parce qu’ils veulent pouvoir lire des livres anciens sans les toucher".
Pour le moment, la caméra du MIT réussit à lire les lettres imprimées sur neuf pages empilées seulement. La puissance de l’onde est trop faible pour aller plus loin, mais les chercheurs espèrent que les progrès de la technique leur permettront bientôt de lire à travers un vrai livre épais. "L'Assommoir" de Zola, par exemple.
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