John Kerry et Sergueï Lavrov ont annoncé, samedi, avoir trouvé un accord pour une trêve durable en Syrie. Un cessez-le-feu qui doit permettre à terme d'ouvrir la voie "à une paix négociée et à une transition politique" dans le pays.
Les États-Unis et la Russie ont salué, samedi 10 septembre, la conclusion d’un accord. Scellé après une journée marathon de négociations à Genève, il vise à remettre en route le processus de paix en Syrie, en instaurant notamment une trêve durable dans l’ensemble du pays et en facilitant les opérations humanitaires. Ce cessez-le-feu devrait démarrer dans la nuit du dimanche 11 au lundi 12 septembre, et coïncidera avec la fête musulmane de l’Aïd el-Adha.
"Les États-Unis et la Russie annoncent un plan qui, nous l'espérons, permettra de réduire la violence" et d'ouvrir la voie "à une paix négociée et à une transition politique en Syrie", a déclaré le chef de la diplomatie américaine John Kerry, flanqué de son homologue russe Sergueï Lavrov.
L'accord conclu sur les bords du lac Léman prouve que Moscou et Washington ont pu trouver un terrain d'entente malgré de profondes divergences dans leur approche du conflit syrien. Le Kremlin est un allié indéfectible du régime de Bachar al-Assad, la Maison Blanche soutient de son côté des forces rebelles dites modérées.
Le plan annoncé vendredi permet, selon le ministre des Affaires étrangères russe, "de mettre en place une coordination efficace pour lutter contre le terrorisme, avant tout à Alep, et permet de renforcer le cessez-le-feu. Tout cela crée les conditions pour un retour au processus politique".
John Kerry a précisé que le "fondement" de l'accord résidait dans la promesse de Damas de s'abstenir de mener des frappes aériennes sur les zones rebelles, même sous le prétexte de viser les jihadistes de l'ancien Front al-Nosra. "Cela devrait mettre fin aux bombes barils, fin aux bombardements sans discernement et cela peut potentiellement changer la nature du conflit", a-t-il déclaré.
Coopération entre Moscou et Washington si la trêve est respectée
Un autre volet, militaire celui-ci, est également compris dans l'accord. Si la trêve dure "une semaine", les forces américaines accepteront de collaborer en Syrie avec l'armée russe, a expliqué John Kerry, une coopération réclamée de longue date par Moscou et sur laquelle les deux pays travaillent depuis des mois.
"Les États-Unis acceptent de faire un pas supplémentaire car nous pensons que la Russie et mon collègue (Sergueï Lavrov, NDLR) ont la capacité de faire pression sur le régime Assad pour mettre fin à ce conflit et venir à la table des négociations", a-t-il dit.
Sergueï Lavrov a toutefois reconnu qu'il n'était pas en mesure de garantir "à 100 %" la réussite de ce nouveau plan.
En pratique, outre la lutte contre l'organisation État islamique (EI), les deux parties ont convenu de renforcer leur action contre toutes les forces jihadistes, notamment le Front Fateh al-Cham, l'ex-Front al-Nosra lié à Al-Qaïda.
Pendant la trêve, les combattants de l'opposition modérée sont invités à se séparer des groupes jihadistes, faute de quoi ils pourront être la cible de frappes ultérieures, a prévenu John Kerry. La coopération passera en particulier, si la trêve tient, par un partage d'informations pour des frappes aériennes, ce à quoi Washington s'était jusqu'à présent refusé.
Sergueï Lavrov a annoncé la création d'un "centre conjoint" russo-américain destiné à coordonner ces frappes, "dans lequel des militaires et des représentants des services secrets russes et américains s'occuperont des questions pratiques : distinguer les terroristes de l'opposition modérée".
Mais, dans un communiqué, le Pentagone a souligné que les engagements inscrits dans l'accord "doivent être totalement respectés avant toute coopération militaire potentielle".
Avec AFP et Reuters