
Alors que le pouvoir iranien exclut d'annuler la présidentielle, le camp du candidat malheureux Mir Hossein Moussavi a mis en ligne un rapport de trois pages réclamant la création d'une "commission vérité" sur le site Internet du candidat.
AFP - Le pouvoir iranien a exclu mardi l'annulation de la présidentielle contestée du 12 juin et annoncé l'investiture le mois prochain du président réélu Mahmoud Ahmadinejad, tout en s'accordant un délai supplémentaire pour examiner les plaintes pour fraude électorale.
Le camp de Mir Hossein Moussavi, arrivé deuxième, a pour sa part étayé dans un rapport ses soupçons sur des irrégularités ayant permis à M. Ahmadinejad de remporter une victoire éclatante. Le président et le nouveau gouvernement doivent prêter serment devant les députés entre le 26 juillet et le 19 août, selon le bureau du Parlement.
Le président américain Barack Obama a lui durci le ton contre le régime de Téhéran, condamnant la répression des manifestations post-électorales et appelant l'Iran à gouverner "par le consensus et non par la force", tout en rejetant les accusations d'ingérence portées par l'Iran.
Depuis dix jours, au moins 17 personnes sont mortes et plusieurs centaines ont été arrêtées lors des manifestations quasi quotidiennes des partisans de M. Moussavi pour exiger l'annulation du scrutin. Les cortèges ont gagné en ampleur malgré leur répression sanglante par la police et les miliciens islamiques (bassidjis).
"Lors de la récente élection présidentielle, nous n'avons constaté aucune fraude ou infraction majeure. Par conséquent, il n'y pas de possibilité d'une annulation" du scrutin, a déclaré le porte-parole du Conseil des Gardiens de la constitution, chargé de superviser les élections en Iran, Abbas Ali Kadkhodaie.
Mais dans la soirée, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a accepté la requête du Conseil pour un délai supplémentaire de cinq jours afin de poursuivre l'examen des plaintes des candidats battus. L'instance avait initialement jusqu'à mercredi pour statuer.
Ces fraudes et irrégularités supposées ont été dénoncées dans un rapport du bureau de campagne de M. Moussavi qui a réclamé la création d'une "commission vérité" pour réexaminer le processus électoral.
En trois pages, publiées sur le site internet du candidat, le rapport fustige notamment les moyens gouvernementaux mis à la disposition de M. Ahmadinejad ou l'impossibilité pour les représentants des autres candidats de surveiller le processus électoral et d'alerter leur camp de fraudes éventuelles.
Le rapport émet aussi des "doutes sérieux" sur le fait que les urnes aient bien été vides avant d'être envoyées dans les bureaux de vote.
Alors que les autorités imposent d'importantes restrictions à la presse étrangère pour la couverture des troubles, l'agence Fars a annoncé l'arrestation d'un journaliste grec travaillant pour le quotidien américain Washington Times, Iason Athanasiadis-Fowden.
Selon l'agence Irna, le journaliste "a été arrêté alors qu'il quittait le pays à l'aéroport Imam Khomeiny à la fin de la semaine dernière".
Avant lui, un journaliste canadien travaillant pour l'hebdomadaire américain Newsweek, Maziar Bahari, avait été arrêté dimanche et le correspondant permanent de la BBC en Iran, Jon Leyne, avait reçu l'ordre de quitter le pays.
Depuis le début des troubles, Téhéran accuse l'Occident, en premier lieu la Grande-Bretagne, d'être derrière le mouvement de contestation. Le Premier ministre britannique Gordon Brown a annoncé l'expulsion de deux diplomates iraniens, en réponse à une décision similaire de Téhéran.
La diplomatie iranienne s'est refusée mardi à commenter cette annonce, confirmée par une source à l'ambassade de Grande-Bretagne à Téhéran. Selon l'agence Isna, les diplomates expulsés sont les deuxième et troisième secrétaires de l'ambassade.
Le ministère des Affaires étrangères a également accusé "d'ingérence" le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, qui a exhorté Téhéran à mettre fin aux arrestations et à l'usage de la force.
Plusieurs pays de l'Union européenne ont par ailleurs convoqué les ambassadeurs iraniens pour transmettre leurs inquiétudes face à la situation en Iran.