La tension monte entre l'Iran et l'Arabie saoudite, à quelques jours du pèlerinage musulman vers La Mecque, dont les Iraniens sont exclus cette année. L'ayatollah Khamenei a qualifié la famille royale saoudienne de "maudite et maléfique".
À quelques jours du hadj, attaques et autres accusations acerbes se succèdent entre Riyad et Téhéran ; et la tension est à son comble . Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a ainsi qualifié mercredi 7 septembre la famille royale saoudienne de "maudite et maléfique, [qui] ne mérit[ait] pas de gérer les lieux saints" de l'islam.
La crise entre les deux puissances régionales s'est exacerbée avec leur incapacité de trouver un accord sur la participation des Iraniens au pèlerinage qui commence samedi en Arabie saoudite, un an après le choc provoqué par la mort d'environ 2 300 pèlerins dont plus de 450 Iraniens dans une bousculade au précédent hadj.
Ce sera la première fois depuis presque trois décennies que les Iraniens ne participeront pas au hadj, qui compose l'un des cinq piliers de l'islam.
Dans un discours devant les familles des pèlerins iraniens morts dans la bousculade à Mina près de la Mecque en 2015, l'ayatollah Khamenei a estimé que "cette catastrophe montr[ait] une nouvelle fois que cette descendance maudite maléfique ne mérit[ait] pas de gérer les lieux saints" de l'islam.
Si les dirigeants saoudiens n'étaient pas "responsables" du drame, ils devraient autoriser une "commission d'enquête internationale", a ajouté le guide suprême iranien.
Lutte d'influence
Au-delà de la dispute sur le hadj, l'Iran chiite et l'Arabie saoudite sunnite sont depuis des années engagés dans des luttes d'influence par procuration (entre pétrole et nucléaire), notamment dans les conflits au Yémen et en Syrie, et s'opposent sur toutes les crises régionales.
Leurs relations diplomatiques sont rompues depuis janvier à l'initiative de Riyad après l'attaque de son ambassade à Téhéran par des manifestants protestant contre l'exécution en Arabie d'un dignitaire religieux chiite.
Khamenei a ainsi fustigé dans son discours de mercredi la politique de l'Arabie saoudite au Moyen-Orient. "Le régime effronté saoudien verse le sang des musulmans au Yémen, en Syrie, en Irak et à Bahreïn, avec le soutien des États-Unis (...) qui sont par conséquent complices des crimes saoudiens".
Avant lui, le président iranien Hassan Rohani, pour qui le "problème avec le gouvernement saoudien" dépasse le hadj, a lui aussi accusé Riyad de "verser le sang des musulmans" dans ces pays et a demandé aux États musulmans de se coordonner afin de "punir" Riyad pour ses "crimes".
L'Iran "ne pardonnera jamais pour le sang versé de ces martyrs [morts au hadj]", a-t-il prévenu, alors que Téhéran avait déjà accusé Riyad "d'incompétence" dans l'organisation du hadj après ce drame.
Les Iraniens "ne sont pas des musulmans"
Mardi, le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a, lui, accusé les autorités de Riyad de "fanatisme" en réponse au grand mufti saoudien Abdel Aziz ben al-Cheikh, qui avait dit que les Iraniens "ne sont pas des musulmans" et que leur "hostilité envers les musulmans, plus particulièrement envers les sunnites, est ancienne".
"Il n'y a aucune ressemblance entre l'islam des Iraniens et de la plupart des musulmans, et celui de l'extrémisme fanatique que le haut dignitaire wahhabite [donc sunnite, NDLR] et les maîtres saoudiens du terrorisme prêchent", a écrit M. Zarif sur son compte Twitter.
La semaine avait commencé avec une attaque virulente de l'ayatollah Khamenei qui avait appelé lundi à reconsidérer la gestion par Riyad des lieux saints musulmans de la Mecque et Médine.
Dans cette guerre des mots, les attaques ont dépassé le cadre politique avec des accusations réciproques touchant à la religion, corde hautement sensible dans une région marquée par des déchirements confessionnels entre sunnites et chiites.
Les monarchies arabes sunnites du Golfe, dont l'Arabie saoudite est le chef de file, ont apporté évidemment leur soutient à Riyad en accusant l'Iran de chercher à "politiser" le pèlerinage.
Avec AFP