John Kerry et Sergueï Lavrov tentent de nouveau de trouver à un accord de paix en Syrie. La rencontre entre les deux hommes à Genève aura lieu vendredi. L'opposition syrienne a quant à elle présenté un plan de transition politique.
Après plus de cinq ans de chaos en Syrie, John Kerry et Sergueï Lavrov semblent redoubler d'efforts dans le but de parvenir à un accord de cessez-le-feu.
On ne compte plus les rencontres aux quatre coins du monde entre les deux chefs de la diplomatie américaine et russe, qui entretiennent un canal de communication privilégié entre deux puissances aux relations glaciales depuis 2012. Les deux hommes vont se rencontrer vendredi 9 septembre à Genève.
Les deux hommes s'étaient déjà entretenus le 26 août dans la ville suisse, puis les 4 et 5 septembre au sommet du G20 en Chine. Mais ces tractations marathon, à l'initiative semble-t-il des Américains, n'ont jusqu'ici rien donné.
Sergueï Lavrov et John Kerry ont travaillé mercredi au cours d'une conversation téléphonique sur "les détails de l'accord sur une coopération russo-américaine dans la lutte contre les groupes terroriste en Syrie, l'extension de l'aide humanitaire et le lancement du processus politique", selon le ministère russe des Affaires étrangères.
L'opposition syrienne présente un plan de transition politique
Le même jour à Londres, l'opposition syrienne a tenté de faire entendre sa voix en présentant un plan de transition politique. Elle est actuellement en grande difficulté sur le terrain, notamment à Alep, où les forces du régime, soutenues par l'aviation russe, ont réussi à encercler totalement les quartiers rebelles.
La première étape du projet de l'opposition syrienne, qui a peu de chance d'être accepté au vu du rapport de force sur le terrain, prévoit une phase de six mois lors de laquelle "les deux parties négociatrices [le régime et les groupes armés d'opposition qui auront accepté ce plan, NDLR] devront s'engager à respecter une trêve provisoire". Le projet propose aussi un retour des millions de personnes déplacées par le conflit et des réfugiés.
La deuxième étape, longue de 18 mois, verrait la Syrie dirigée par un gouvernement de transition, dont la mise en place nécessiterait "le départ de Bachar al-Assad et de sa clique".
La troisième et dernière étape permettrait de consolider les changements via des "élections locales, législatives et présidentielle" organisées "sous la supervision et avec le soutien technique des Nations unies".
Ce plan reprend des éléments de la feuille de route établie en novembre 2015 par les grandes puissances à Vienne, qui ne réglait toutefois pas la question du sort du président Assad.
"Retrouver un vrai cessez-le-feu"
Le plan de transition a été présenté mercredi par le Haut comité des négociations (HCN), qui rassemble les principaux représentants de l'opposition et de la rébellion syriennes, avant des discussions avec une partie des pays amis de la Syrie.
Parmi les participants aux discussions figurent notamment les chefs de la diplomatie du Royaume-Uni, de la Turquie, de l'Arabie saoudite, du Qatar, de l'Italie, de l'Union européenne et de la France, tandis que le chef de la diplomatie américaine doit intervenir par visioconférence
"Cette réunion est très importante parce qu'elle a dégagé des convergences pour sortir du bourbier syrien", a commenté le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault à la sortie. Pour obtenir la paix, "la première condition est de retrouver un vrai cessez-le-feu", a ajouté le ministre qui "appuie les discussions en cours entre les États-Unis et la Russie" à ce sujet.
Cet accord entre Moscou et Washington sur une cessation des hostilités, qui pourrait intervenir jeudi ou vendredi lors des pourparlers menés à Genève, était attendu initialement au sommet du G20 qui s'est achevé lundi en Chine.
Les deux grandes puissances soutiennent des camps adverses sur le théâtre de guerre syrien et ne s'entendent ni sur les termes d'un cessez-le-feu, ni sur la différenciation entre groupes rebelles modérés et jihadistes, ni même sur une coopération militaire, encore moins sur un règlement politique entre le régime et l'opposition.
Ce terrible conflit, qui a éclaté avec le soulèvement de mars 2011, s'est complexifié et internationalisé depuis et a provoqué la mort de plus de 290 000 personnes et le déplacement de millions d'autres.
Avec AFP