
Les forces de police israéliennes ont dû faire évacuer un bâtiment de Hébron, en Cisjordanie, où s'étaient retranchés des colons juifs extrémistes, après plusieurs jours de heurts. Les occupants revendiquaient la propriété du bâtiment.
Reuters - Les policiers anti-émeutes israéliens ont eu recours aux matraques et aux gaz lacrymogènes jeudi pour chasser des dizaines de colons juifs extrémistes d'un bâtiment de Hébron, en Cisjordanie, après plusieurs jours de heurts entre ces derniers et des Palestiniens qui jugent leur présence illégitime.
La tension est vive à Hébron depuis que la Cour suprême israélienne a ordonné le 16 novembre aux colons d'évacuer le bâtiment en question, qu'ils occupaient depuis mars 2007. Ces colons affirment avoir acheté la maison à un Palestinien, lequel dément l'avoir vendue.
Au moins trois Israéliens ont été légèrement blessés au cours de l'opération de police, qui a duré moins d'une heure et dont beaucoup craignaient qu'elle soit plus délicate encore. Une vingtaine de colons ont reçu des soins sur place pour intoxication aux gaz lacrymogènes.
Huit Palestiniens vivant dans le quartier ont en outre été blessés dans les heurts, qui ont continué après l'opération de police. Des colons, dont certains étaient armés, ont mis le feu, d'après des témoins, à une dizaine de voitures et à d'autres biens appartenant à des Palestiniens. Trois des victimes palestiniennes ont été atteintes par des balles, ont indiqué des médecins palestiniens.
"Cela ne s'arrêtera pas là. Nous reviendrons toujours et encore", a déclaré un jeune colon de Hébron, Naftali Woldman.
Désignant les habitations palestiniennes alentour, il a ajouté que "tout ça fer(ait) partie du territoire juif, un jour".
Près de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, des colons juifs ont mis le feu à des oliviers - ressource économique essentielle aux Palestiniens - et ont lancé des pierres contre des voitures palestiniennes, ont rapporté des habitants.
Des dizaines de jeunes manifestants ont bloqué temporairement l'une des entrées principales de Jérusalem pour protester contre l'intervention policière à Hébron.
C'est le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, qui s'était engagé, quelques heures avant l'opération, à faire évacuer le bâtiment occupé par les colons.
"J'estime qu'Ehud Barak commet une énorme erreur avec une confrontation qui fait le lit des extrémistes", a déclaré Danny Dayan, chef du conseil de colons Yesha, à la chaîne de télévision Channel 10.
La télévision a montré en direct des scènes de l'évacuation de Hébron où l'on voyait des policiers traînant des colons, criant et donnant des coups, hors du bâtiment.
Pour certains Israéliens, ces images rappelaient l'évacuation de milliers de colons juifs de la bande de Gaza en 2005. De nombreux anciens colons de Gaza s'étaient alors jurés d'empêcher que de telles scènes se reproduisent en Cisjordanie.
"L'évacuation des colons de la maison doit augurer du commencement de celle de tous les colons de la ville", a déclaré Nabil Abou Rdainah, collaborateur du président palestinien Mahmoud Abbas. Six-cent cinquante colons vivent dans des enclaves fortifiées, gardées par des militaires israéliens, au coeur de Hébron, ville peuplée par ailleurs de 180.000 Palestiniens.