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Le Royaume-Uni confronté à une vague de xénophobie post-Brexit

La mort, lundi 29 août, d’Arkadiusz Jóźwik, un ouvrier polonais hospitalisé deux jours plus tôt après une agression xénophobe à Harlow, dans le comté d’Essex (Sud-Est), illustre la recrudescence des actes à caractère xénophobe que connaît le Royaume-Uni ces derniers mois.

Entre le 23 juin, date où les Britanniques ont voté pour sortir de l'Union européenne, et le 27 juin, le site True Vision, lancé par la police britannique et destiné à recueillir des plaintes pour crimes de haine, a en effet reçu 57 % de signalements supplémentaires par rapport à la même période lors du mois précédent (85 contre 54).

"Ce chiffre ne doit pas être lu comme une hausse nationale des crimes de haine de 57 % mais comme une hausse des signalements via un unique mécanisme", avait alors prévenu le National police chiefs council (NPCC, le Conseil national des préfets de police) dans un communiqué du 27 juin.

"Casse-toi de mon pays"

Mais ce qui aurait effectivement pu n’être qu’une tendance a fini par s’installer, au vu de nouveaux chiffres du NPCC : entre le 15 et le 28 juillet, les signalements ont ainsi augmenté de 40 % par rapport à la même période de l’année précédente.

"Après le vote sur le Brexit, c’est devenu de pire en pire, a confié le frère de la victime de lundi, Radek Jóźwik, au Guardian. J’ai vu les gens changer de regard. Depuis, certains parlent tout haut. C’est devenu difficile."

Un témoignage qui fait écho à celui d’ Alma Milaseviciute, née en Lituanie. "Pourquoi êtes-vous toujours là ?", s’est-elle ainsi vue apostrophée. "Casse-toi de mon pays", a crié un homme à Esmat Jeraj, pourtant née au Royaume-Uni. Ces cas, rapportés par la BBC, sont loin d’être isolés. Trois jours après le vote du Brexit, l’Association culturelle et sociale polonaise de Londres avait également vu son centre vandalisé par un graffiti.

La classe politique en partie responsable

Bien qu’une partie de la classe politique britannique déplore ces attaques, à l’image de l’ancien Premier ministre David Cameron ou du nouveau maire de Londres Sadiq Khan, l’ONU lui attribue en partie la responsabilité de ce déferlement de haine. L’organisation, via son Comité pour l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, chargé d’assurer la mise en œuvre de la Convention éponyme entrée en vigueur en 1969, a dénoncé une campagne délétère.

"Bon nombre de personnalités politiques ont non seulement échoué à condamner (la discrimination raciale, NDLR) mais ont en outre créé et renforcé des préjugés, encourageant ainsi des individus à commettre des actes d’intimidation ou de haine à l’égard de minorités ethniques ou religieuses et de personnes à l’apparence différente", dénonce ainsi le Comité dans un communiqué.

Pendant la campagne, le député et chef du parti europhobe et xénophobe Ukip, Nigel Farage, avait ainsi choqué l’opinion publique en dévoilant une affiche sur laquelle on voyait une longue file de réfugiés et les mots "Point de non-retour" ("Breaking point"). Il s’était ensuite défendu, sans présenter d’excuses, en affirmant qu'"ouvrir nos cœurs aux véritables réfugiés, c'est une chose. Mais, franchement, comme vous pouvez le voir sur cette photo, la plupart des personnes qui viennent sont de jeunes hommes qui viennent certainement d'endroits plus pauvres que nous. L'Union européenne a fait une erreur fondamentale, qui menace la sécurité de tous."

La nouvelle ministre de l’Intérieur, Amber Rudd, a annoncé le 26 juillet lancement d’un "plan d’action contre les crimes haineux", visant à prévenir ces crimes, améliorer le taux de signalement et élargir le soutien aux victimes.