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Comment la première photo de la Terre vue de la Lune a fini dans un McDonald's abandonné

Il y a 50 ans, une sonde spatiale de la NASA prenait la première photo de la Terre depuis la Lune. Des ingénieurs de la NASA ont investi un McDonald's abandonné pour la numériser en haute définition.

À l’angle d’Edquiba et de Grosky Road, dans la banlieue de Moffett Field en Californie, un McDonald’s a remplacé son menu Big Mac par des petits bouts de Terre et de Lune. C’est là, à quelques pas du centre de recherche Ames de la NASA, qu’ont élu domicile des équipiers de fast-food un peu plus geek que d'habitude.

Il y a une dizaine d'années, Keith Cowing et Dennis Wingo, deux ingénieurs de la NASA, investissent le restaurant abandonné pour y installer un centre de recherche clandestin baptisé  " McMoon’s " . Son but ? Lire et numériser les cassettes qui contiennent la première image de la Terre prise depuis la Lune,  le 23 août 1966.

La première image de la Terre, une sacré daube

En août 1966, la NASA lance Lunar Orbiter 1, une sonde spatiale chargée de repérer les endroits où pourraient atterrir les astronautes de la mission Apollo 11 – ceux qui iront sur la Lune trois ans plus tard. Équipé de deux appareils photos Kodak, le vaisseau immortalise pour la première fois la Terre le 23 août alors qu’il gravite à plus de 48 kilomètres au-dessus de l’astre lunaire.

La pellicule est développée à bord puis enregistrée sur des bandes magnétiques transmises aux techniciens restés sur Terre grâce à des ondes – ça à l'air compliqué, mais disons que c'est un peu le même principe qu'un fax amélioré –. Imprimée avec les moyens de l’époque, il faut bien reconnaître que la première photo de la Terre ressemble un peu à une échographie ratée. 

Les bandes magnétiques transmises par Lunar Orbiter sont, elles, transférées sur des cassettes qui croupiront dans un entrepôt au fin fond du Maryland pendant plus de 20 ans. 

Du frigo au McDo

Dans les années 1980, une employée de la NASA, Nancy Evans, est chargée de numériser les cassettes. Elle hérite de la précieuse machine Ampex FR-900 qui permet de les lire, et conserve le tout dans un réfrigérateur au fond de son jardin. Pendant une vingtaine d'années, les cassettes resteront dans le frigo de Nancy, à côté de la dizaine de poulets de son poulailler.

Ce n’est qu’en 2007 qu'elle passe le relais à Keith Cowing et Dennis Wingo, deux ingénieurs de la NASA. Ils lançent le projet "Lunar Orbiter Image Recovery Project (LOIRP)" pour remettre la main sur les milliers de clichés pris par Lunar Orbiter en 1966, et prisonniers depuis des cassettes réfrigérées de Nancy.

Sans aide financière ni technique, les deux ingénieurs "archéologues" sont bien obligés de faire avec les moyens du bord. Ils investissent un McDonald’s abandonné sur le campus Ames de la NASA et commencent leurs recherches. Les machines remplacent les friteuses et les photos de Terre et de Lune les menus de Big Mac et de Happy Meal.

"On avait le choix entre l’ancien barbier et le McDo. On a pris le McDonald’s par hasard, on voulait juste ne pas payer", avait expliqué Keith Cowing à The Wired en 2014.

@KeithCowing @LunarOrbiter & @ISEE3Reboot raising the bar for citizen science from abandoned McDonalds at @NASAAmes pic.twitter.com/BeDTh8MmD1

— CSF Spaceflight (@csf_spaceflight) 24 juillet 2014

Au bout de plusieurs années, ils parviennent à extraire les données des cassettes et obtiennent des clichés d’une qualité impresionnante. Car si la première photo de 1966 ne ressemble pas à grand chose, c’est à cause des techniques d’impression de l’époque et non des données enregistrées par Lunear Orbite, qui sont elles nettes et précises. "C’est comme avoir un DVD en 1966, vous ne pouvez pas le lire", rappelaient les ingénieurs à The Wired.

Résultat, re-voici la première photo de la Terre, en HD :

Morale de l’histoire : allez de suite jeter un coup d'œil rapide au réfrigérateur au fond du garage, on ne sait jamais. 

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