
Les autorités irakiennes ont exécuté 36 hommes par pendaison dimanche. Ils avaient été reconnus coupables du massacre de "Speicher", commis en juin 2014 par l'organisation État islamique.
Bagdad a choisi de répondre par le sang au massacre dit de "Speicher", commis en 2014 par l’organisation de l’État islamique (EI) et qui aurait fait jusqu’à 1 700 victimes. Dimanche, trente-six hommes reconnus coupables de ce bain de sang ont été exécutés dimanche 22 août par pendaison "à la prison de Nassiriyah", chef-lieu de la province de Zi Qar dans le sud du pays.
Environ 400 des personnes tuées à la base de Speicher étaient originaires de cette province à majorité chiite, selon le porte-parole du gouvernorat, Abdelhassan Daoud.
"Des dizaines de membres des familles [des victimes] ont assisté à l'exécution. [...] Elles étaient contentes de voir ces gens mourir", a assuré le porte-parole.
Parmi les proches présents, Najla Shaab, une femme de 30 ans, contrainte d'élever seule ses enfants après la mort de son mari dans le massacre. "Dieu merci, c'est une punition juste pour le pire des crimes, un triple crime qui a consisté à tuer les gens, jeter des corps dans la rivière et enterrer certains vivants", a-t-elle confié à l'AFP par téléphone.
Plus de 100 exécutions depuis le début de l’année
Le massacre de Speicher avait été commis aux premiers jours de l'offensive fulgurante de l'EI en Irak en juin 2014 qui lui avait permis notamment de prendre Mossoul, la deuxième ville du pays devenue son fief depuis.
Les jihadistes avaient exécuté les recrues une à une, selon des images de propagande diffusées par l'EI. Certains corps avaient été jetés dans le fleuve Tigre, qui traverse Tikrit, tandis que d'autres étaient enterrés dans des fosses communes. De nombreux volontaires chiites s'étaient enrôlés dans des milices combattant les jihadistes après cette tuerie.
En juillet 2015, un tribunal avait condamné à la peine de mort 24 personnes pour le massacre de Speicher. À l'époque, l'ONG Human Rights Watch avait dénoncé le manque de transparence des procédures. En février 2016, un tribunal irakien avait prononcé quarante autres condamnations à mort dans cette affaire.
Selon l'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty international qui critique le recours à la peine de mort, l'Irak a déjà procédé à plus de cent exécutions depuis le début de l'année, sans compter celles de dimanche.
Interrogé par Le Monde, Christoph Wilcke, de Human Rights Watch,"déplore que la loi sur 'l’informateur secret'" soit encore appliquée en Irak. Elle permet à n'importe qui de se présenter devant un tribunal et d'accuser une personne d'un crime sans que son identité ne soit révélée.
Avec AFP