À elles deux, Kaori Icho et Saori Yoshida ont déjà six médailles d'or olympiques à leur palmarès. Mais les deux lutteuses japonaises ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin et peuvent rentrer dans la légende à Rio.
Mise à jour : la lutteuse Kaori Icho a réussi son pari. Elle a décroché le 17 août une quatrième médaille d'or consécutive. En finale des moins de 58 kg, elle a vaincu la Russe Valeriia Koblova Zholobova (3-2).Sa compatriote Saori Yoshida n'a en revanche décroché que l'argent. Elle s'est inclinée en finale des moins de 53 kg face à l'Américaine Helen Maroulis.
En remportant à Rio le 200 m 4 nages, le nageur Michael Phelps est rentré dans le cercle très fermé des athlètes ayant remporté une épreuve individuelle quatre fois consécutivement aux Jeux olympiques. Il a rejoint dans la légende ses compatriotes Al Oerter, titré au lancer du disque de 1956 à 1968, et Carl Lewis, médaillé d’or au saut en longueur de 1984 à 1996.
Mais ce club ultra-sélectif pourrait compter dès cette semaine deux nouveaux membres. Déjà sacrées à Athènes, Pékin et Londres, les lutteuses japonaises Saori Yoshida (-53kg, anciennement -55kg) et Kaori Icho (-63 kg), en lice respectivement jeudi et mercredi, visent un quatrième titre de rang lors des Jeux olympiques de Rio. Peu connues en dehors des frontières de leur pays et de leur discipline, ces deux combattantes ont pourtant un palmarès à faire rougir les plus grands sportifs.
Une championne pour son père
L’aînée Saori Yoshida, âgé de 33 ans, compte 13 titres de championne du monde. Fille du lutteur Eikatsu Yoshida, ancien champion national, elle est tombée dans ce sport à seulement trois ans. Pendant une décennie, de son premier sacre mondial en 2002, à son troisième titre olympique à Londres en 2012, la Japonaise n’a connu que deux défaites. Depuis le décès de son père en 2014, elle continue de se battre pour lui : "Il a toujours placé la lutte au dessus de tout. Il continuera à me soutenir au paradis. Je serai une championne pour mon père", a-t-elle confié au site officiel du Comité international olympique.
Diminuée par une blessure au genou, Saori Yoshida pourrait toutefois tomber du haut de l’Olympe à Rio. "Je suis plus âgée et j’ai moins d’endurance qu’avant, mais je vais compenser avec mon expérience et un mental d’acier", annonçait-elle récemment dans une interview pour le média Perform. "Rio pourrait être ma dernière apparition aux JO. Cela va être dur de participer dans quatre ans mais on ne sait jamais. Peut-être que je pourrai continuer jusqu’à Tokyo en 2020, mais il faudra gagner à Rio avant". Il faut dire que ses supporters seraient sûrement heureux de la voir combattre à domicile. Dans son pays, Saori Yoshida est une véritable célébrité. La lutteuse apparait régulièrement dans des publicités et a même joué dans un feuilleton télévisé japonais.
À la recherche de la perfection
Tout le contraire de sa compatriote Kaori Icho, qui préfère rester dans l’ombre et qui évite le plus possible les caméras. "Ce n’est pas que je n’aime pas passer à la télé, mais je n’aime surtout pas perdre du temps pour mon entraînement", expliquait-t-elle récemment dans un documentaire réalisé par l’Union international des lutteurs.
Même si la lutteuse de 32 ans a aussi un incroyable palmarès avec 10 titres de championne du monde, elle ne court pas spécialement après les records. Kaori Icho est avant tout à la recherche de la perfection : "J’ai une image bien précise de tout ce que la lutte peut être et peut offrir. Mon but, mon seul but est de parvenir à cette image".
Mais à Rio, la Japonaise n’apparait plus comme indétrônable. Pour la première fois en 13 ans, elle a été battue en janvier dernier par la Mongole Orkhon Purevdorj au Grand prix de Krasnoïarsk, en Sibérie. Malgré ce faux-pas, comme Saori Yoshida, elle reste la grande favorite du tournoi olympique. À l’image de sa compatriote, elle non plus n’envisage pas encore de laisser la première place à ses concurrentes.
Si elle se couvre une nouvelle fois d'or, elle aussi pourrait choisir de continuer jusqu’aux Jeux de Tokyo : "Je ne sais pas quand je mettrai un terme à ma carrière, mais je pratiquerai la lutte toute ma vie. Je suis une lutteuse, mais quand le temps sera venu de dire au revoir à la compétition et de travailler en tant que coach, je le saurai".