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RD Congo : plus de 50 civils tués près de Beni, Kinshasa décrète un deuil national

Plus de 50 civils ont été tués dans la nuit de samedi à dimanche dans l'est de la République démocratique du Congo, théâtre de massacres depuis 2014. Le gouvernement de la RD Congo a décrété un deuil national de trois jours à partir de lundi.

Le bilan du massacre perpétré dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 août à Beni, dans l'est de la République démocratique du Congo, s’est alourdi : on compte désormais plus de 50 civils, selon les nouveaux chiffres officiels, tués dans une attaque attribuée par l'armée congolaise à des rebelles musulmans ougandais. Un deuil national a été proclamé après cette tuerie qui a provoqué la colère de la population, intervenant après une succession de massacres qui ont déjà fait plusieurs centaines de morts en moins de deux ans.

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RD Congo : plus de 50 civils tués près de Beni, Kinshasa décrète un deuil national

Drapeaux en berne

Le gouvernement de la RD Congo a décrété un deuil national de trois jours à partir de lundi, a déclaré son porte-parole Lambert Mende à la télévision publique. "Les drapeaux seront mis en berne sur toute l'étendue du pays."

Le lieutenant Mak Hazukay, porte-parole de l'armée, joint au téléphone de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu, a déclaré à l'AFP que des rebelles présumés des Forces démocratiques alliées (ADF) étaient responsables du massacre de Beni. Rebelles musulmans ougandais opposés au président ougandais Yoweri Museveni, les ADF sont présents dans l'est de la RD Congo depuis 1995. Ils sont accusés d'être les principaux auteurs des massacres qui se poursuivent dans la région de Beni depuis octobre 2014.

La nouvelle attaque a eu lieu 72 heures après une visite dans la région du président congolais Joseph Kabila, pendant laquelle il a promis de tout mettre en œuvre pour "imposer" la paix et la sécurité.

Plus de 600 civils tués depuis 2014

Pour le lieutenant Hazukay, les ADF ont "contourné" les positions de l'armée congolaise "pour venir massacrer la population en guise de représailles" à des opérations militaires en cours dans la zone.

Dimanche, une centaine de personnes scandant des slogans hostiles au gouvernement et au président Kabila ont manifesté à Beni. Les protestataires portaient au moins un corps sans vie de l'une des victimes de la tuerie, selon des témoins. "Les policiers viennent de nous ravir le corps (du mort), mais nous comptons continuer à manifester", a protesté en swahili Georges Kamate, un conducteur de taxi-moto. "Notre gouvernement est incapable de nous sécuriser", criait un autre manifestant.

Selon Jackson Kasereka, militant des droits de l'Homme à Beni, les habitants des quartiers du nord de la ville "brûlent des pneus" dans la rue en signe de protestation contre la tuerie et contre les autorités.

La ville et le territoire de Beni ont été endeuillés depuis octobre 2014 par une série de massacres qui ont coûté la vie à plus de 600 civils. Le gouvernement congolais et la mission de l'ONU dans le pays (Monusco) accusent les ADF d'être responsables de ces tueries.

"Alerter le monde"

Selon un récent rapport du Groupe d'étude sur le Congo de l'Université de New York, les ADF portent effectivement une part très importante de responsabilité dans ces massacres, au côté d'autres éléments armés, parmi lesquels des soldats de l'armée régulière.

En dépit des efforts de stabilisation déployés par la communauté internationale et les autorités congolaises, cette région reste déchirée par la violence depuis la fin de la deuxième guerre du Congo (1998-2003).

Le 8 août, onze militaires congolais et un casque bleu ont été blessés dans le territoire de Beni lors d'un affrontement avec les ADF, selon la Monusco.

Dimanche, le porte-parole du gouvernement Lambert Mende a soutenu que "la RD Congo a déjà eu à alerter le monde sur cette menace jihadiste" sur son territoire. Kinshasa "déplore que dans notre pays, les forces armées de la RD Congo soient seules à l'affronter dans l'indifférence de la communauté internationale", a-t-il dit.

Une délégation de la Monusco se rendra lundi à Beni pour "apporter un soutien aux autorités du pays afin de continuer la traque contre les présumés ADF", annonce le communiqué.

Avec AFP