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Non Eric Ciotti, supprimer l'anonymat sur Internet n'est pas une option crédible

Le député Eric Ciotti aimerait supprimer l’anonymat sur les réseaux sociaux. Une proposition qui va à l'encontre du droit à l'anonymat sur Internet... qui de toute façon, n'existe pas vraiment.

Elles commencent à être lassantes, ces sorties médiatiques lâchées dans l'émotion des attentats qui n'aident pas à faire avancer le débat public. État d'urgence permanent, armement des citoyens, "contrôle d'Internet"... Aujourd'hui, c'est au tour du député Eric Ciotti d'arriver avec une nouvelle proposition : la suppression de l'anonymat, que Twitter autorise mais que Facebook n'encourage pas, sur les réseaux sociaux.

Je propose d'instaurer un contrôle de l'identité des membres de réseaux sociaux https://t.co/CbOx0riBTl #propagande #terrorisme @Nice_Matin

— Eric Ciotti (@ECiotti) 4 août 2016

Pour le président du Conseil départemental des Alpes-Maritimes, il est primordial que les plateformes de réseaux sociaux exigent la carte d’identité de tous leurs utilisateurs avant la création d’un compte car "Internet ne peut pas être un espace sans contrôle".

Dans un entretien au journal Nice Matin, il explique que "pour mettre fin à cette impunité qui règne sur Internet", il faudrait "rendre obligatoire pour les réseaux sociaux la vérification de l'identité de leurs membres".  "Ainsi si quelqu’un veut ouvrir un compte Twitter, Facebook ou encore Snapchat, il devra au préalable fournir une pièce d’identité au site".

Le droit à l'anonymat

Or, pour qu'un web libre perdure, il est important que chaque internaute puisse jouir de son droit à l'anonymat sur internet. Or, même si Eric Ciotti précise que l'internaute pourrait être ensuite "libre de dialoguer avec un pseudonyme" car "si son comportement était contraire à la loi, les autorités auraient la possibilité de savoir qui se cache derrière ce compte en quelques minutes", cette proposition n'apporterait rien de nouveau dans un contexte où l'adresse IP et d'autres données détenues par les plateformes suffisent déjà à identifier les internautes, comme le fait remarquer Le Monde.

Surtout, cette proposition ne peut avoir véritablement de sens que si elle est partagée par tous les pays. Dans le cas contraire, il suffirait à n'importe qui de se créer un compte depuis une version étrangère du réseau social. 

Au fond, l'anonymat total sur Internet n'existe pas : au fil des clics, de nombreuses données sont toujours récoltées sur l'utilisateur, comme le montre le site anonymat.org. A minima, devoir décliner son identité lors de toute inscription à un réseau social peut être dangereux pour les internautes : à qui iraient ces informations ? Comment s'assurer qu'elles ne tombent pas en train des mains mal intentionnées ? 

Bien que tristement vaine, la sortie d'Eric Ciotti a au moins un mérite : elle témoigne de cette vision caricaturale d'Internet partagée par de nombreux membres de la classe dirigeante. Et rappelle l'urgence de ne pas confier les questions de libertés fondamentales sur la Toile et cybersécurité dans les seules mains d'élus qui n'ont que des fins politicardes. 

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