Le président philippin a déclaré la guerre aux trafiquants de drogue. Mercredi, six gardes du corps d'un maire, dont le fils est soupçonné d'être impliqué dans le milieu, ont été abattus par la police.
La lutte contre la drogue menée par le président philippin, Rodrigo Duterte, élu en mai dernier, a passé un cap mercredi 3 août, avec la mort de six gardes du corps d'un maire dont le fils est soupçonné d'être un trafiquant de drogue. Il s'agit là des premiers morts en lien direct avec des responsables politiques.
Selon les autorités, la police a abattu six hommes armés faisant partie de la garde rapprochée de Rolando Espinosa, le maire d'Albuera, dans le centre du pays. Les policiers ont été visés par des tirs près du domicile de l'élu. Ils ont répliqué, tuant six gardes du corps et saisissant plus d'une quinzaine d'armes à feu et des grenades, a détaillé le chef de la police régionale, Elmer Beltejar.
"Si tu ne te rends pas, tu vas mourir"
Rolando Espinosa était entré en joutes verbales avec Rodrigo Duterte. Lundi, le chef de l'État, habitué des déclarations à l'emporte-pièces, avait donné 24 heures au maire d'Albuera et à son fils, Kerwin, pour se rendre aux autorités après que cinq personnes travaillant pour M. Espinosa ont été arrêtées lors d'une opération antidrogue. Sans quoi l'ordre serait donné de les "abattre à vue".
Rolando Espinosa s'est rendu à la police mardi, niant toute implication dans le trafic de drogue mais disant craindre pour sa sécurité après les propos du président. Son fils Kerwin ne s'est, lui, pas manifesté. Lors d'une conférence de presse, le chef de la police nationale Ronald de la Rosa l'a enjoint à imiter son père : "Si tu ne te rends pas, tu vas mourir. Tu ferais mieux de te rendre car ta vie est vraiment en danger".
Cette opération marque une étape dans la lutte contre la drogue menée par Duterte, qui avait visé jusque là surtout les trafiquants de bas étage et les consommateurs. Les responsables régionaux sont désormais dans le viseur : Rodrigo Duterte a promis de révéler les noms de dizaines de gouverneurs, maires et autres politiques impliqués dans le trafic de stupéfiants.
Selon la police, plus de 400 trafiquants de drogue présumés ont été tués par les forces de l'ordre depuis le mois de mai, mais les organisations de défense des droits de l'Homme craignent que ce chiffre soit beaucoup plus élevé, notamment avec la constitution de groupes d'autodéfense qui se sentent légitimés par les propos du président. Plus de 300 ONG en ont appelé aux Nations unies mardi pour qu'elles condamnent ces exécutions extrajudiciaires.
La police a également déclaré que plus de 100 000 personnes se sont rendues aux autorités et se sont engagées à cesser de consommer de la drogue.
Avec AFP, AP et Reuters