L'enquête préliminaire ordonnée en mars pour "non-dénonciation" d'agressions sexuelles sur mineurs et "non-assistance à personne en danger", dans laquelle le cardinal Philippe Barbarin a été mis en cause, a été classée sans suite.
Le procureur de la République de Lyon a annoncé, lundi 1e août, le classement sans suite de l'enquête pour "non-dénonciation" d'agressions sexuelles sur mineurs et "non-assistance à personne en danger", dans laquelle le cardinal Philippe Barbarin a été mis en cause. Voire "traîné dans la boue", selon son avocat, qui s'était confié à France 24.
Au terme d'une enquête préliminaire ordonnée en mars, le procureur Marc Cimamonti a indiqué à l’AFP que les infractions visées n'étaient pas constituées, notamment celle particulièrement sensible de la "non-dénonciation".
Dans un court communiqué, le cardinal a indiqué "accueillir" cette décision, tout en saluant les "initiatives" des victimes, qui ont "permis d'améliorer le dispositif diocésain pour la lutte contre les abus sexuels".
"J'espère que c'est un point final à cette affaire et que le diocèse pourra travailler en commun avec les victimes qu'il n'a jamais considérées comme des adversaires", a de son côté commenté l'un des avocats de Mgr Barbarin, Jean-Félix Luciani.
Une affaire qui secoue le diocèse de Lyon depuis plusieurs mois
Des victimes du père Bernard Preynat, mis en examen fin janvier pour des agressions sexuelles commises sur des scouts lyonnais il y a plus de 25 ans, reprochaient en particulier au primat des Gaules de ne pas avoir dénoncé les agissements du prêtre à la justice et de l'avoir laissé en poste trop longtemps, jusqu'en août 2015, dans une paroisse où il était au contact d'enfants.
Plusieurs plaintes visant Mgr Barbarin, une des personnalités les plus influentes de l'Église catholique en France, et d'autres membres de l'Église avaient été déposées par des victimes du père Preynat, mis en examen pour des faits commis entre 1986 et 1991.
Depuis la révélation du scandale, le cardinal a affirmé avoir rencontré pour la première fois une victime du père Preynat en 2014. Il a ensuite déclaré avoir également entendu parler de l'affaire, via un tiers, dès 2007-2008.
À la mi-mars à Lourdes, lors d'une assemblée des évêques de France plombée par l'affaire, le cardinal Barbarin avait assuré n'avoir "jamais couvert le moindre acte de pédophilie". Plus tard, lors d'une réunion du clergé lyonnais, en avril, il avait reconnu "des erreurs dans la gestion et la nomination de certains prêtres" et demandé pardon aux victimes.
Pas de volonté d’entraver l’action de la justice
Le parquet de Lyon a confirmé que les autorités diocésaines avaient eu connaissance de soupçons visant le père Preynat entre 2005 et 2010, mais que cette période était couverte par la prescription qui est de trois ans en matière de non-dénonciation.
Pour la période post-2014, le parquet a considéré qu'il n'y avait pas eu de volonté d'entraver l'action de la justice en cachant la vérité.
"C'est la décision du procureur de la République, elle lui appartient. Je ne suis pas positionné pour juger. Et nous, nous sommes sur un débat moral, pas juridique", a réagi François Devaux, l'un des plaignants et membre de l'association la Parole Libérée.
"Ce qui m'intéresse, c'est le débat de société. Combien de temps les citoyens français vont accepter que des prêtres pédophiles soient en lien avec des enfants?" a-t-il ajouté.
François Devaux n'a pas exclu la possibilité de saisir directement un juge d'instruction via une plainte avec constitution de partie civile.
À ce jour, un seul évêque français a été condamné, Mgr Pican en 2001, pour non-dénonciation d’actes pédophiles commis par un prêtre de son diocèse de Bayeux.
Avec AFP