L’ex-président tchadien Hissène Habré a été condamné, vendredi, à verser entre 15 245 et 30 490 euros à chacune des victimes de viol ou de détention arbitraire. Il avait déjà été reconnu coupable de crimes de guerre et contre l'humanité.
L’ex-président tchadien Hissène Habré, déjà condamné pour crimes de guerre et contre l'humanité par un tribunal spécial africain à Dakar, a été condamné, vendredi 29 juillet, à indemniser chacune des victimes de la dictature. Les avocats commis d'office pour la défense d'Hissène Habré, présents à l'audience, ont annoncé qu'ils feront appel de cette décision.
Le président du tribunal, le magistrat burkinabè Gberdao Gustave Kam, a ordonné l’indemnisation des victimes de "viol", de "détention arbitraire" ou "prisonnier et rescapé", et des "victimes indirectes". L'ancien dictateur devra verser entre 10 et 20 millions de FCFA (entre 15 245 et 30 490 euros) à chacune de ses victimes. "C'est beaucoup moins que ce qu'avaient demandé les victimes", a souligné Sarah Sakho, correspondante France 24 à Dakar.
Le bilan de la répression estimé à 40 000 morts
Selon la Tchadienne Jacqueline Moudeina, présidente du collectif des avocats des victimes, le nombre total de victimes est de 4 733 dont 1 625 directes. Parmi ces dernières, une "quinzaine" de femmes ont été, selon elle, victimes de "viol et d'esclavage sexuel". Dans sa décision rendue vendredi, le tribunal spécial a par ailleurs rejeté "les demandes de réparations collectives formulées par les parties civiles". Selon Jacqueline Moudeina, il a aussi refusé une demande "d'érections de monuments sur les sites des grands massacres".
Hissène Habré a été condamné le 30 mai à perpétuité pour crimes contre l'humanité, crimes de guerre et crimes de torture par les Chambres africaines extraordinaires (CAE).
Les CAE ont été créées en vertu d'un accord entre le Sénégal et l'Union africaine (UA) pour juger Hissène Habré (1982-1990) à Dakar, où il s'est réfugié en décembre 1990 après avoir été renversé par un de ses anciens collaborateurs, l'actuel président Idriss Deby Itno.
Une commission d'enquête tchadienne estime le bilan de la répression sous son régime à quelque 40 000 morts.
Avec AFP