Au menu de cette revue de presse française, mercredi 27 juillet, l’assassinat du père Jacques Hamel, 85 ans, dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray, en Normandie. Un attentat revendiqué par le groupe Etat islamique.
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L’assassinat dans son église du père Jacques Hamel, 85 ans, fait la Une de toute la presse française.
Le visage de ce prêtre fait la Une de la Croix. «Face au mal», titre le journal chrétien, qui dit «n’avoir pour seuls mots que ceux prononcés hier par l’archevêque de Rouen, hier, depuis les JMJ»: «Je crie vers Dieu» - «un cri de douleur, un cri de désarroi face au mystère du mal. Un cri de colère face à la violence fanatique qui ensanglante notre terre, notre monde», un «cri vers Dieu» qui «est aussi un appel à l’aide pour résister à la tentation de la vengeance», écrit la Croix. «Répondre à la haine par la haine serait le triomphe du mal». Face à cette haine, beaucoup d’internautes ont choisi de partager un texte considéré comme l’un des textes spirituels majeurs du XXème siècle, Le «testament» de Christian de Chergé, assassiné avec 6 de ses compagnons à Tibéhirine en 1996, en pleine guerre civile algérienne. «S'il m'arrivait un jour d'être victime du terrorisme, avait écrit ce moine, j’aimerais que ma communauté, mon Eglise, ma famille acceptent que le Maître Unique de toute vie ne saurait être étranger à ce départ brutal. Qu'ils sachent associer cette mort à tant d'autres aussi violentes, laissées dans l'indifférence de l'anonymat». Le père Jacques, lui, n’a pas eu le temps de s’adresser une dernière fois aux siens, mais sans doute partageait-il l’esprit de ce testament, lui que l’ancien archevêque de Rouen décrit dans la Croix comme un homme simple qui «rayonnait de bonté», et qui avait invité ses paroissiens, dans l’un de ses derniers messages, à rester «attentifs à ce qui se passera dans notre monde» (cet été), à prier «pour ceux qui en ont le plus besoin, pour la paix, pour un meilleur vivre-ensemble». «Alors nous pourrons, mieux pourvus, reprendre la route ensemble», avait-il conclu.
Au-delà de la communauté catholique, chrétienne, c’est toute la communauté nationale qui est touchée. «Inlassable prêtre du vivre-ensemble», ce sont aussi les mots de l’Humanité, qui rappelle que Jacques Hamel faisait partie d’un comité interconfessionnel auquel participait aussi l’imam de la mosquée de Saint-Etienne-du-Rouvray. «Martyrisé», titre le Parisien, reprenant là une terminologie religieuse, appelant les Français à «garder la foi» en leurs «valeurs et institutions républicaines». Jacques Hamel a été «assassiné par les barbares», accuse le Figaro, qui rappelle qu’ «une église est (certes) le lieu de rassemblement des chrétiens, mais (que) c’est aussi un symbole familier du paysage national: toutes les villes, tous les villages en comptent une, les Français y sont attachés». «Ce ne sont pas seulement les catholiques, mais la France, incarnée par un clocher que (l’organisation Etat islamique) a voulu une nouvelle fois frapper», écrit le journal, qui demande au gouvernement de «prendre la mesure de ce qui se passe en France, nommer le mal, le condamner, mais aussi adopter l’arsenal militaire, policier et judiciaire pour assurer la sécurité (des Français). Qu’ils croient au Ciel ou qu’ils n’y croient pas».
Le gouvernement est l’objet des très vives critiques de l’opposition, depuis l’attentat de Nice. Alors que le groupe Etat islamique vient de commettre «l’horreur à l’office», ces critiques sont reparties de plus belle, rappelle l’Humanité, qui dénonce «la dégoûtante surenchère politicienne sur le dos des morts et des principes démocratiques et républicains» - une «surenchère» attribuée par l’Huma à une «droite haineuse, lancée dans une folle et imbécile course à l’échalote avec l’extrême droite». Il ne faut «rien céder», plaide Libération, qui rappelle que «depuis 2012, les djihadistes auront donc tué des enfants et des adultes, des juifs, des musulmans et des catholiques, des dessinateurs athées, des militaires et des policiers, des fêtards et des promeneurs du 14 Juillet». «Ne tombons pas dans le piège», «la guerre que mène (le groupe Etat islamique) n’est pas qu’une guerre contre la France, c’est une guerre contre la liberté. Ne la cédons pas sans combattre avec nos propres armes».
Cette guerre d’usure menée par les djihadistes a justement pour objectif de déboucher sur un conflit direct avec tous ceux qu’ils présentent comme les «infidèles». La stratégie avouée, clairement affichée du groupe, est de «détruire toute coexistence religieuse», explique le Monde, qui rappelle que «non content d’avoir éradiqué la présence chrétienne dans les territoires qu’elle contrôle» – à commencer par la plaine de Ninive, en Irak, un berceau du christianisme –, l’organisation «a toujours effectivement présenté son combat contre l’Occident comme une guerre religieuse, en plus de celle qu’il mène contre l’islam chiite», l’intervention de la coalition internationale en Irak et en Syrie, à laquelle participe la France, étant présentée comme une «croisade» à laquelle répondrait une «contre-croisade» susceptible de conduire les djihadistes jusqu’à Rome. C’est en vertu de cette analyse que l’historien des religions Odon Vallet présente dans l’Opinion l’assassinat de Saint-Etienne-du-Rouvray comme «un acte de guerre de religion» au yeux de l’organisation, un acte auquel une partie des catholiques pourrait être tenté de répondre à son tour par la violence. Cette frange de la communauté catholique, dite traditionnelle ou traditionaliste, qui ne partage pas les vues du pape, ni sur les migrants, ni sur l’Europe, pourrait être tentée de basculer définitivement vers l’extrême-droite. «La Saint-Barthélémy de notre époque, prévient Odon Vallet, qui ne considère pas, néanmoins, que la France soit «à la veille d’un conflit religieux massif entre chrétiens et musulmans», consistera pour les catholiques à voter massivement pour le Front national».
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