Barack Obama n'exclut pas que des Russes favorables à Donald Trump puissent être à l’origine du piratage des courriels embarrassants pour le Parti démocrate. Le FBI a été chargé d'enquêter sur l'implication présumée de Moscou.
Il est possible que la Russie cherche à influencer l'élection présidentielle américaine de novembre, a déclaré, lundi 25 juillet, Barack Obama après le piratage qui a mené à la publication de courriels de la direction du Parti démocrate. "Tout est possible", a affirmé le président américain lors d’un entretien accordé à la chaîne NBC News qui l’interrogeait sur que le fait que Moscou puisse être à l'origine du piratage des emails.
Barack Obama a indiqué que le FBI était chargé de l'enquête sur la fuite, trois jours avant l'ouverture de la convention démocrate, de plus de 19 000 courriels rédigés par des dirigeants démocrates, attestant que la direction du parti a favorisé la candidature d’Hillary Clinton au détriment de son ancien rival Bernie Sanders.
"Je sais que des experts ont attribué [le piratage] à des Russes, a déclaré Barack Obama. Ce que nous savons, c'est que des Russes piratent nos systèmes, pas seulement ceux du gouvernement, également des systèmes privés."
Moscou pour Trump ?
La publication de ces courriels a conduit la présidente de la convention démocrate, Debbie Wasserman Schultz, à démissionner et a provoqué la colère de nombreux partisans de Bernie Sanders qui s'estiment floués. "Quelles sont les motivations qui ont mené à cette attaque ? Je ne peux pas le dire. Ce que je sais, c'est que Donald Trump a exprimé son admiration pour Vladimir Poutine à de nombreuses reprises", a dit Barack Obama.
De fait, le clan Clinton soupçonne les Russes de favoriser la campagne du candidat républicain, plus critique vis-à-vis de l'Otan que Hillary Clinton. Le Parti démocrate croit en tous cas que derrière le piratage se cachent Cozy Bear et Fancy Bear, deux groupes connus pour être engagés dans des activités d'espionnage politique et économique au bénéfice de la Fédération de Russie.
Pour Thomas Rid, spécialiste des cyber-technologies au King's college de Londres, il y a peu de doute sur l'implication de Moscou dans cette affaire. "Les indices qui relient le piratage du parti démocrate à des opérateurs russes identifiés sont très forts", estime-t-il dans une tribune publiée lundi sur le site d'information Motherboard. Et l'ensemble de l'opération, avec l'utilisation de WikiLeaks "cadre bien avec l'évolution de la doctrine militaire" russe qui "étend très largement ce qui peut être considéré comme une cible militaire, et ce qui peut être considéré comme une tactique militaire", a-t-il écrit.
La Russie comme repoussoir
De son côté, le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, a fait savoir qu’il n’existait "aucune preuve" de ces accusations. "C'est une manœuvre de diversion de l'équipe Clinton, a-t-il assuré dans une interview diffusée par la chaîne américaine NBC. Ce qui est important, c'est que nous avons publié 20 000 documents extraits du cœur" du Parti démocrate."
Mardi, Moscou a démenti toute implication dans le piratage informatique des comptes de responsables du Parti démocrate américain et fustigé l'utilisation "maniaque" de la Russie comme repoussoir dans la campagne électorale américaine. "Malheureusement, on utilise la Russie dans la campagne électorale. Malheureusement, de telles farces continuent. Nous pensons que ce n'est pas très bon pour nos relations bilatérales mais nous comprenons qu'il faut en passer par cette mauvaise période", a indiqué le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Avec AFP et Reuters