La convention démocrate s'est ouverte lundi à Philadelphie sur fond de tensions, après de la publication de milliers de courriels prouvant la préférence du parti pour Hillary Clinton et le sabotage de la campagne de Bernie Sanders.
En apparence, les responsables démocrates américains cherchent à afficher un front uni. Mais rien n’y fait, la convention démocrate qui doit introniser Hillary Clinton pour l'élection présidentielle américaine s’est ouverte lundi 25 juillet à Philadelphie dans un climat de tension et de scandale, à la suite de la divulgation de courriels internes.
Devant ses partisans, Bernie Sanders, battu lors de la primaire démocrate, a eu beau réaffirmer que les États-Unis devaient élire Hillary Clinton à leur tête, le sénateur du Vermont a d’abord dû s'employer à apaiser leur colère sans parvenir toutefois à éviter les sifflets. Il faut dire qu’il a lui-même contribué au malaise. La veille, ce dernier a en effet réclamé et obtenu la démission de la présidente du Parti démocrate, Debbie Wasserman Schultz, après la publication par WikiLeaks de plus de 19 000 courriels semblant confirmer que la direction du parti avait une préférence pour Hillary Clinton et a cherché à saborder sa propre campagne.
"Elle a volé l'élection !"
Les partisans de Bernie Sanders, plus jeunes et plus marqués à gauche que ceux de Clinton, ont accueilli avec amertume ces courriels qui donnent du crédit aux accusations formées par leur champion pendant les primaires. Le parti a présenté ses excuses à l'ex-candidat au cours de la convention sans pour autant parvenir à apaiser la colère de ses supporters. Ainsi, lorsqu'il a accusé Trump d'être "une brute et un démagogue", une voix dans l'assistance a répliqué "Hillary aussi" tandis qu'une autre criait : "Elle a volé l'élection !" et qu'une partie des présents reprenaient en chœur "Nous voulons Bernie". "Je pense juste que cette élection n'a pas été juste, elle a été truquée, fulmine une partisane de Sanders, devant les cameras de France 24. [...] Je ne voterai pas pour Hillary, en particulier parce que je pense qu'elle nous vendra au plus offrant".
Debbie Wasserman Schultz, qui s'exprimait lundi quelques heures avant l'ouverture officielle de la convention devant des délégués de son État, la Floride, s'est faite huer. Des manifestants ont brandi sous ses yeux des pancartes portant le nom de Bernie Sanders ou la simple mention "emails".
Le FBI mène l'enquête
La présidente démissionnaire du Comité national démocrate a annoncé par la suite qu'elle renonçait à prononcer le discours d'ouverture de la convention. "J'ai décidé dans l'intérêt supérieur de pouvoir lancer cette convention démocrate sur une note positive de ne pas en donner les trois coups", a-t-elle expliqué au Sun Sentinel, un quotidien floridien.
L'affaire constitue un prélude embarrassant pour une convention qui était censée souligner l'unité retrouvée du parti après l'âpre campagne des primaires qui a opposé Clinton et Sanders et illustrer le décalage entre les démocrates et les républicains. Le FBI a annoncé lundi qu'il enquêterait sur le piratage qui a conduit à la publication de ces courriels.
L'équipe de campagne de Clinton s'est publiquement interrogée sur une possible piste russe, notant que Trump avait eu des mots élogieux à l'égard de Vladimir Poutine et que Moscou pourrait avoir intérêt à favoriser son élection.
Avec Reuters