Le nom du porte-drapeau français aux Jeux olympiques de Rio, qui sera pour la première fois désigné par ses pairs, doit être dévoilé dimanche soir. Un rêve et un honneur pour la plupart des athlètes qui va avec un certain nombre d’obligations.
Les Jeux olympiques de Rio (5-21 août) ne débutent que dans deux semaines, mais déjà, le monde du sport français est en ébullition. Le nom du porte-drapeau de la délégation tricolore à Rio sera en effet dévoilé, dimanche 24 juillet, par le Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Neuf athlètes sont encore en lice pour obtenir ce privilège, parmi lesquels Tony Parker, Teddy Riner et Renaud Lavillenie, qui font tous les trois figures de favoris.
Porter le drapeau français pendant de longues heures lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques peut paraître anecdotique pour le grand public. Mais pour les athlètes disputant les JO, il s’agit d’un honneur qui fait rêver. "Bien sûr que j’aimerais être porte-drapeau", a ainsi affirmé le basketteur Tony Parker, dimanche 10 juillet, après la qualification olympique de l’équipe de France de basket. "J’aimerais bien représenter la France. Il n’y a jamais eu un basketteur porte-drapeau et tout le monde sait la fierté que j’ai à porter ce maillot. Ce serait un honneur incroyable." Venant d’un sportif ayant gagné quatre titres NBA, un titre de champion d’Europe avec les Bleus et reçu de nombreuses distinctions individuelles aux États-Unis, cela en dit long.
Même discours chez l’autre grand prétendant, Teddy Riner. "Ce serait un honneur et ça me donne des frissons rien que d’en parler", a avoué en avril le champion olympique à L’Équipe 21. "De rentrer le premier avec la délégation française derrière et de brandir haut et fièrement ce drapeau, ce serait quelque chose d’incroyable. C’est comme les Jeux olympiques, ça n’a pas de mot."
Contacté par France 24, le porte-drapeau des Jeux de Pékin en 2008, le canoéiste Tony Estanguet, aujourd’hui retraité, confirme les propos de ces deux stars du sport français. "J’ai gagné trois titres olympiques, mais les cérémonies d’ouverture des JO que j’ai eu la chance de vivre sont presque au même niveau, confie-t-il. La première fois, à Sydney, ce fut le premier très grand moment de ma vie car on ne s’attend vraiment pas à ça. Rentrer dans un stade comble, avec une ambiance incroyable, ça a été un choc car c’est quelque chose que je n’avais jamais vécu. C’est un condensé d’émotion très fort et un esprit d’équipe qu’on ne revit pas forcément. Alors, en 2008, quand j’ai appris que j’étais le porte-drapeau, j’ai vraiment été ému. C’était pour moi une reconnaissance de la famille olympique française."
Pour la première fois, les athlètes désignent leur porte-drapeau
Les instances dirigeantes du CNOSF ont bien conscience de l’enjeu. Il y a quatre ans, les débats avaient été âpres au sein de la commission chargée de désigner le porte-drapeau français pour les Jeux de Londres. La décision s’était jouée entre le basketteur Tony Parker et l’épéiste Laura Flessel. Le palmarès olympique de cette dernière et le fait qu’elle disputait en 2012 ses derniers Jeux avaient finalement pesé lourd dans la balance, alors que Parker n’avait, lui, aucune participation et donc aucune médaille à faire valoir.
Cette année, changement de méthode. Pour la première fois depuis 1912, année de l’apparition du porte-drapeau, ce sont en effet les athlètes eux-mêmes qui éliront le futur lauréat. "À l'heure où la candidature de Paris-2024 met les sportifs en première ligne, il nous a semblé normal de faire élire le porte-drapeau, représentant des athlètes, par les athlètes eux-mêmes", a déclaré en avril Denis Masseglia, président du CNOSF.
Chaque fédération sportive présente aux JO devait donc désigner deux "ambassadeurs" – un homme et une femme – susceptibles de devenir porte-drapeau. Le CNOSF a ensuite établi une "short-list" de neuf finalistes parmi ces 52 sportifs, qui doivent désormais élire leur porte-drapeau. Les neuf finalistes sont Mélina Robert-Michon (lancer du disque), Renaud Lavillenie (saut à la perche), Céline Dumerc (basket), Tony Parker (basket), Cécilia Berder (escrime), Gauthier Grumier (escrime), Laura Georges (football), Wendie Renard (football) et Teddy Riner (judo).
"Je suis content de ne pas voter car ça va être serré, avoue en plaisantant Tony Estanguet. On a tous en tête quelques noms. Teddy Riner, Tony Parker, Renaud Lavillenie sont bien-sûr ultra légitimes. Ou bien Céline Dumerc, qui a fait des Jeux de Londres incroyables en emmenant les basketteuses en finale. C’est une génération talentueuse."
Vaincre la malédiction du porte-drapeau
L’heureux élu devra en tout cas faire preuve de disponibilité. Selon Le Parisien, le CNOSF a transmis aux candidats la liste des obligations qui attendent le futur porte-drapeau. Celui-ci devra notamment rester à Rio durant l’intégralité des Jeux, y compris si sa compétition se termine dès les premiers jours, se rendre disponible auprès des médias d’après un planning établi par le CNOSF, être présent à Paris, dimanche 24 juillet de 19 h à 23 h, pour l’annonce officielle du porte-drapeau lors de l’arrivée du Tour de France et prendre la parole lors de la présentation de la candidature Paris-2024 à la presse internationale. On l’a compris, le représentant de la délégation française devra être à l’aise devant les nombreux micros qui se tendront devant lui.
Les athlètes français tiendront-ils compte de ce critère au moment de voter ? Existe-t-il un profil type du porte-drapeau idéal ? "Non car ce qui fait la richesse du sport français, c’est justement sa diversité, répond Tony Estanguet. Si on regarde bien la liste des porte-drapeaux français ces vingt dernières années, on trouve des profils assez différents. Le seul critère, en fin de compte, c’est la légitimité. Il faudra qu’il ait un palmarès important ou qu’il soit un meneur d’hommes reconnu."
Espérons également qu’il puisse surmonter la fameuse malédiction qui semble avoir frappé les porte-drapeaux français ces dix dernières années : pourtant champions olympiques, Jason Lamy-Chappuis (Sotchi-2014), Laura Flessel (Londres-2012), Vincent Defrasne (Vancouver-2010), Tony Estanguet (Pékin-2008) et Bruno Mingeon (Turin-2006) sont tous passés à côté de leurs JO l’année où ils ont porté avec fierté le drapeau tricolore.