Changement d’époque confirmée : les groupes technologiques valent, pour la première fois, davantage en Bourse que les sociétés financières. Apple, Google et Microsoft font la nique à Wells Fargo, JP Morgan & Co. Mais où sont les Européens ?
La tech triomphante. Le secteur technologique pèse pour la première fois davantage que le monde financier, d’après le dernier classement des 100 entreprises les plus riches en Bourse du cabinet d’audit PwC, publié lundi 4 juillet. Il couvre la période de mars 2015 à l'après-Brexit.
Les stars de la Silicon Valley ont une capitalisation boursière cumulée de 2 993 milliards de dollars contre 2 704 milliards de dollars pour les sociétés du secteur financier. Preuve supplémentaire de leur domination actuelle sur le monde économique : Apple, Alphabet (ex-Google) et Microsoft forment, dans cet ordre, le trio de tête.
La fusée Alphabet
Avec Facebook en sixième place et Amazon en neuvième, les valeurs technologiques occupent la moitié des dix premiers rangs de ce classement. Seuls deux rois de la finance - le fonds d’investissement de Warren Buffet Berkshire Hathaway et la banque américaine Wells Fargo - figurent dans ce top 10.
Si Apple reste, pour la cinquième année consécutive, le groupe qui pèse le plus lourd en Bourse, le vrai gagnant de 2015 est Alphabet. La valeur boursière du géant de l’Internet est celle qui a le plus progressé en un an. Elle a augmenté de 143 milliards de dollars et Alphabet n’est plus qu’à 86 milliards de dollars d’Apple, alors que la différence entre ces deux mastodontes était de 356 milliards de dollars en 2015.
Ce classement illustre aussi à quel point le monde est passé dans une ère du pétrole pas cher et des nouveaux modèles de distribution à la Amazon. En 2009, les trois groupes les plus riches en Bourse étaient l’Américain ExxonMobil, le Chinois Petrochina et le géant de la grande distribution Walmart. Sur les trois, seul ExxonMobil a pu conserver une place dans les cinq premiers.
La bonne santé du secteur tech est d’autant plus remarquable qu’elle intervient dans un climat boursier morose. La capitalisation des 100 plus grosses entreprises du monde a chuté de 4 % par rapport à 2015, soulignent les experts de PwC. La faute à la Chine qui, pour une fois, ne joue pas le rôle de locomotive. Les turbulences boursières que l’ex-empire du Milieu a connues durant l’été 2015 ont affecté les grands groupes chinois qui ne sont plus que trois à être dans le top 20.
L'Europe à la traîne
L’Europe est, de son côté, de plus en plus à la traîne. Il n’y a plus que 24 grands groupes européens - dont quatre français (Total, Sanofi, L’Oréal et LVMH) - dans ce top 100 contre 41 en 2008. La preuve que le Vieux continent est celui qui a le plus souffert - du moins en Bourse - de la crise financière de 2008.
Ce classement démontre aussi à quel point l’Europe a du mal à se doter de champions tech de taille mondiale puisqu’il n’y a qu’un seul groupe européen - le spécialiste allemand du logiciel d’entreprise SAP - parmi les 100 plus importantes capitalisations boursière au monde.