Après sept ans d'attente, le rapport de la commission d’enquête sur l’engagement controversé du Royaume-Uni dans la guerre en Irak sera finalement publié mercredi 6 juillet. Il promet d'être sévère avec l'ancien Premier ministre Tony Blair.
Attendu depuis sept ans, le rapport de la commission d'enquête sur l'engagement controversé du Royaume-Uni dans la guerre en Irak en 2003 sera enfin publié mercredi 6 juillet. Il promet d'être sévère envers l'ex-Premier ministre Tony Blair. Ce dernier, chef du gouvernement britannique entre 1997 et 2007, est accusé d'avoir trompé sa population en affirmant que l'Irak possédait des armes de destructions massives, ce qui n'a jamais été avéré.
Les travaux de la commission dite Chilcot – du nom de son président, le Britannique John Chilcot – ont donc donné naissance à un long rapport sur les conditions d'entrée dans cette guerre très controversée. Près de 120 témoins, dont le travailliste Tony Blair et son successeur, Gordon Brown, ont été auditionnés.
Commandé en 2009, ce rapport devait initialement être rendu dans un délai d'un an. Mais les années se sont accumulées… La cause de ce retard s'explique en partie par la déclassification de documents secrets, notamment les échanges entre Tony Blair et le président américain George W. Bush. Au fil des reports, les familles excédées des soldats tués en Irak ont fixé un ultimatum aux autorités, les menaçant de poursuites judiciaires.
Des dizaines de milliers d'Irakiens sont morts lors de la guerre et des violences interconfessionnelles qui ont suivi. Quelque 45 000 soldats britanniques ont participé à la guerre entre 2003 et 2009, dont 179 sont morts.
Ce rapport "ne va pas m'apporter de conclusions ou de réconfort", a déclaré à l'agence de presse britannique PA Janice Procter, dont le fils Michael Trench a été tué en Irak en 2007, à l'âge de 18 ans. Tony Blair "a envoyé 179 enfants à la boucherie. Il n'y a aucune justice", a-t-elle ajouté.
Un rapport qui pourrait servir de base pour une action en justice
John Chilcot, lui, se montre intransigeant. "Si nous sommes tombés sur des décisions ou des comportements qui méritent d'être critiqués, nous n'hésiterons pas à le faire", a-t-il affirmé mardi soir, dans une déclaration publique, même si l'objet de ses travaux n'est pas de dire si l'intervention en Irak a été légale ou non.
Un premier rapport officiel publié en 2004 avait conclu que Tony Blair avait exagéré devant le Parlement la menace représentée par le président irakien Saddam Hussein, même si son auteur, Robin Butler, a déclaré lundi que l'ex-Premier ministre "croyait vraiment" à l'époque en ce qu'il disait.
Depuis, Tony Blair a dit plusieurs fois qu'il regrettait les vies perdues, mais pas le renversement de saddam Hussein. L'an dernier, il s'est excusé pour "le fait que les informations données par les services secrets étaient fausses".
Plusieurs députés, à commencer par Alex Salmond du Parti national écossais (SNP), comptent se saisir du rapport Chilcot pour lancer une procédure d'"impeachment", avec comme conséquence possible de le priver a posteriori de son titre de Premier ministre. Se fondant sur une loi utilisée pour la dernière fois en 1806 et considérée comme obsolète, l'initiative aurait surtout un caractère symbolique.
Autre grief à l'encontre de Tony Blair : l'équipement jugé insuffisant des troupes britanniques. Dans le viseur notamment, l'emploi de Land Rover au blindage trop léger pour résister aux engins explosifs. Des "cercueils sur roues", disaient les soldats.
Les avocats des familles de 29 des soldats morts en Irak ont indiqué qu'ils allaient éplucher le rapport. "Il pourrait servir de base à une action en justice contre Blair, ses ministres ou le gouvernement en général", a déclaré le cabinet McCue and Partners.
Avec AFP