
Le Congrès péruvien a annulé jeudi deux décrets sur l'exploitation des ressources naturelles qui avaient été à l'origine d'affrontements qui ont fait 34 morts entre les tribus indigènes d'Amazonie et la police il y a deux semaines.
AFP - Le parlement du Pérou a abrogé jeudi deux décrets-lois sur l'exploitation des ressources d'Amazonie, à l'origine d'une crise entre l'Etat et les communautés indigènes depuis deux mois, et de violences qui ont fait 34 morts il y a deux semaines.
Le vote acquis à une large majorité, 82 voix contre 12, ouvre la voie à une probable sortie de la pire crise politique du gouvernement de centre-droit d'Alan Garcia, au pouvoir depuis 2006.
Daisy Zapata, dirigeante du principal collectif indigène AIDESEP, a appelé après le vote les communautés indiennes à lever les blocus routiers ou fluviaux qu'elles tiennent en plusieurs points de l'Amazonie péruvienne (Nord et Est), pour certains depuis deux mois.
"C'est un jour historique pour les peuples indigènes, parce que nos demandes étaient justes et qu'en fin de compte le gouvernement nous a donné raison", a déclaré a la presse Zapata, qui a pris la tête de l'AIDESEP après la fuite d'Alberto Pizango, en asile politique au Nicaragua depuis mercredi.
Les décrets abrogés par le Parlement, en présence dans la galerie "d'apus", chefs coutumiers d'ethnies amazonienne, sont deux textes techniques passés en 2007 et 2008, régissant l'exploitation privée de zones forestières, et le régime de propriété des terres.
Les représentants de la minorité indienne -moins de 400.000 personnes éclatées en 65 etnnies- les rejetaient faute de consultation préalable, et parce qu'il y voyaient une porte ouverte à la surexploitation de l'Amazonie.
L'abrogation du décret le plus contesté, le Décret 1090 dit "Loi forestière et de faune sylvestre" -- la "Loi de la Jungle", comme l'a surnommé la presse -- avait été proposé par le Premier ministre Yehude Simon, dans une concession de l'Etat pour renouer le dialogue avec les indiens.
La semaine dernière, le Parlement l'avait simplement "suspendu", sans aucun impact sur les protestations indigènes sur le terrain.
Simon, sous intense pression depuis deux semaines, a annoncé mardi qu'il démissionnerait d'ici quelques semaines, une fois la crise résolue.
Cette confrontation depuis deux mois entre Etat et minorité indienne avait dérapé le 5 juin avec des heurts entre police et indiens qui ont fait 34 morts autour d'un blocus routier indigène à Bagua (1.000 km de Lima), violences qui ont attiré sur le Pérou le regard des organisations internationales de droits de l'Homme.
Le rapporteur spécial de l'ONU sur les peuples indigènes, James Anaya, se trouve depuis mercredi au Pérou, où il a visité jeudi à Bagua le site des violences.
Dans un message à la Nation mercredi soir, le président Garcia a fait l'autocritique du pouvoir dans la gestion de la question amazonienne. Il a promis de "repartir du début" et d'"entamer un nouveau dialogue (avec les indigènes) en vue d'approuver de nouvelles normes pour protéger l'Amazonie".
"Il est vrai que le décret législatif original n'a pas été fait en consultation avec les communautés autochtones", avait déclaré Garcia, ademttant ainsi que le Pérou a manqué à ses obligations aux terme de la Convention de l'Organisation internationale du Travail (OIT) sur les peuples indigènes.
Certaines revendications indigènes restaient pendantes jeudi, comme la levée de l'état de siège à Bagua, et l'abandon des poursuites contre quatre dirigeants passés à la clandestinité en même temps que Pizango.