
Gudni Johannesson, un universitaire islandais sans étiquette, a remporté dimanche la victoire à l'élection présidentielle de son pays. Avec 39,1% des voix, il a devancé lors de l'unique tour de scrutin la femme d'affaires Halla Tomasdottir.
L'universitaire Gudni Johannesson a remporté dimanche 26 juin l'élection présidentielle de l'Islande, cet homme de consensus arrivant en tête après un scrutin quelque peu éclipsé par l'attente d'un match de football historique.
Avec 39,1 % des voix, ce candidat sans étiquette a devancé lors de l'unique tour de scrutin samedi la femme d'affaires Halla Tomasdottir, également sans étiquette (27,9 %), selon un résultat final annoncé dimanche matin par la télévision publique.
Johannesson, qui se présentait à une élection pour la première fois, avait revendiqué la victoire dans la nuit. "Je pense que nous avons gagné", avait-il déclaré à son QG de campagne avant que le dépouillement ne soit fini.
La fonction de président en Islande est par tradition surtout protocolaire. Des élections législatives, plus importantes, sont prévues à l'automne.
Parmi les neuf candidats qui briguaient la succession d'Olafur Ragnar Grimsson, 73 ans, et chef de l'État depuis 1996, l'historien a toujours été largement en tête des sondages, dès l'annonce de sa candidature. Mais son résultat est moins bon qu'attendu.
Influence des Panama papers
Les électeurs ont apprécié la sobriété et l'indépendance de ce néophyte, dans un pays en quête de renouvellement de sa classe politique. Les partis traditionnels de cette petite île de 330 000 habitants ont été ébranlés, en avril, par le scandale des "Panama Papers" – qui a conduit à la démission de l'ancien Premier ministre Sigmundur David Gunnlaugsson, en avril. Trois ministres et plusieurs conseillers municipaux de Reykjavik ont été mis en cause dans le scandale des paradis fiscaux.
Hostile à une adhésion de l'île à l'Union européenne, Johannesson était aussi en phase avec l'euroscepticisme de la majorité des Islandais. La plupart n'ont pas vu d'un mauvais œil la victoire du "Brexit" au Royaume-Uni à l'issue du référendum de jeudi.
Le divorce entre la Grande-Bretagne et l'UE "change beaucoup de choses dans le bon sens pour les Islandais", estimait vendredi soir Johannesson. Il pourrait éventuellement amener le Royaume-Uni à renouer avec l'Association européenne de libre-échange (AELE), dont les mebres sont aussi la Norvège, la Suisse et le Liechtenstein.
Le gouvernement de centre-droit islandais avait retiré en 2015 la candidature à l'UE déposée par son prédécesseur de gauche en 2009, mettant fin aux négociations avant qu'elles n'abordent le dossier délicat de la pêche.
"Se rendre en France pour voir le match Islande-Angleterre"
Enfin, Gudni Johannesson avait pour lui d'être un sincère passionné de football. Et ce n'est pas une mince affaire ces jours-ci : qualifiée pour la première fois pour un grand tournoi international, l'Islande réalise un superbe parcours à l'Euro-2016, et se prépare fiévreusement à un huitième de finale contre l'Angleterre lundi.
"La première chose [que je ferai une fois élu], c'est de me rendre en France lundi pour voir l'Islande jouer contre l'Angleterre", a déclaré Gudni Johannesson à l'AFP.
Très lisse, sa campagne a donné une idée précise de son style. Il a parfois agacé la presse, qui a obtenu de lui des réponses souvent sibyllines et empreintes de modération.
Les enjeux seront beaucoup plus élevés lors des législatives à l'automne. Avec son économie florissante, sa paix sociale et son éloignement par rapport aux problèmes du reste de l'Europe, l'Islande pourrait tenter une expérience unique en portant au pouvoir le Parti pirate. Ce mouvement libertaire qui milite pour la transparence de la vie publique est en tête des intentions de vote.
Avec AFP