
L'opposition vénézuélienne a annoncé vendredi avoir récolté suffisamment de signatures pour demander un référendum anti-Nicolás Maduro, une étape cruciale pour l'opposition qui veut organiser cette consultation avant 2017.
L'opposition vénézuélienne a annoncé vendredi 24 juin avoir obtenu la validation des signatures nécessaires pour demander la convocation d'un référendum révocatoire contre le président Nicolás Maduro. "La quantité minimale de signatures nécessaire a été clairement dépassée", a déclaré Vicente Bello, coordinateur pour les affaires électorales de la Table de l'unité démocratique (MUD), la coalition de l'opposition vénézuélienne.
La décision dépend désormais du Conseil national électoral (CNE), que l'opposition accuse d'être contrôlé par le camp Maduro. C’est cet organe qui devrait décider d'ici au 26 juillet si le référendum peut être convoqué.
Le 7 juin, le CNE avait déjà validé 1,8 million de signatures en faveur de cette consultation. Mais pendant cinq jours, du 20 au 24 juin, les Vénézueliens ont dû se rendre dans différents centres – habilités par le CNE – pour faire valider leurs signatures via une vérification de leur identité par empreintes digitales. Un processus complexe. Deux cent mille confirmations de signatures étaient nécessaires pour que l'opposition puisse passer à l’étape suivante. Plus de 400 000 ont été enregistrées
Car la course d'obstacles n'est pas finie : les adversaires de Maduro doivent désormais réunir quelque 4 millions de signatures en trois jours pour qu'il soit définitivement possible de convoquer ledit référendum.
Henrique Capriles, principal dirigeant de l'opposition, a annoncé que "le grand perdant de la journée [était] Nicolas Maduro, que nous allons révoquer cette année". "Mission accomplie, cher Venezuela", a également déclaré l'opposant sur son compte Twitter. "Nous allons maintenant nous préparer pour la prochaine étape", a-t-il dit.
Crise sévère
Le principe d'un référendum reste en outre suspendu à l'issue d'un recours judiciaire déposé par le camp présidentiel, qui demande une annulation pour "fraude" aux signatures.
Maduro, successeur du président Hugo Chavez, le leader de la gauche radicale latino-américaine décédé en 2013, n'a plus que 25 % de soutien populaire, selon un sondage de l'institut Datanalisis. Malgré son impopularité, le président, fort du soutien de l'armée, de la majorité des institutions et d'un noyau dur de chavistes, reste serein. "S'il y a un référendum, nous irons et nous gagnerons, s'il n'y en a pas, la vie politique du pays continuera", a-t-il déclaré jeudi.
Au cours de la semaine, la MUD a accusé le pouvoir de Maduro de tenter de saboter le processus de validation des signatures par des retards, des obstacles logistiques et des menaces voilées de suspension du processus. Les opposants motivent entre autres leur demande de départ de Maduro du pouvoir par la sévère crise économique que connaît le Venezuela.
Le pays, dont l'économie s'est effondrée avec la chute des prix du pétrole, est en ébullition. Pillages et lynchages se font de plus en plus nombreux, les habitants étant las d'une pénurie qui frappe 80 % des aliments, d'une criminalité en hausse et de la pire inflation au monde (180,9 % en 2015). Ces troubles ont fait au moins cinq morts ces dernières semaines.
Pour l'opposition, il est crucial que le référendum ait lieu avant le 10 janvier 2017, car si Maduro est révoqué avant cette date, il y aura des élections anticipées. Si au contraire le référendum se tient après cette date et que Maduro le perd, il pourra désigner son successeur.
Avec AFP