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"Black" ou l'histoire violente, réaliste et controversée des gangs urbains à Molenbeek

Interdit de sortie au cinéma en France par crainte d’émeutes, le film "Black" sera finalement disponible en e-cinéma le 24 juin. Dans ce "Roméo et Juliette" à Molenbeek, Adil El Arbi et Bilall Fallah ont tenu à montrer ce dont "personne ne parlait".

Le 2 juin dernier, une dizaine de membres du Négatif Clan, une bande urbaine de la banlieue bruxelloise, comparaissaient devant le tribunal correctionnel de Bruxelles sous haute surveillance, soupçonnés d'extorsions, de trafic de stupéfiants et "d'avoir violé, séquestré et battu des filles qu'ils faisaient travailler pour leur compte" dans un réseau de prostitution, rapporte le site DH.be. À Molenbeek et ailleurs dans les banlieues bruxelloises, 23 personnes ont été tuées dans les guerres de gang depuis 2002.

"On savait qu'il y aurait de la controverse"

C’est cette dure réalité dont le cinéma et la télévision parlent peu que les réalisateurs Adil El Arbi et Bilall Fallah ont eu à cœur de raconter dans le film "Black", inspiré du livre du même nom de Dirk Bracke. Le long-métrage, tourné en partie à Molenbeek et avec des acteurs amateurs du coin, déroule une histoire d’amour impossible entre Marwan et Maleva, membres de deux gangs ennemis. Si le film parle d’amour, la violence y est intense et le sujet sensible. Alors forcément, Adil El Arbi et Bilall Fallah s’attendaient à faire polémique.

"On savait que si on faisait le film avec la même intensité que le livre de Dirk Bracke, il y aurait de la controverse. On savait que les gens en parleraient", raconte Adil El Arbi à Mashable FR, "on avait la volonté de faire un film coup de poing tout en restant honnêtes. Alors on était prêts à faire face aux controverses." Et des controverses, il y en a eu.

"Il y a eu des émeutes en Belgique le 1er jour de la sortie du film", se souvient le réalisateur. Le 11 novembre 2015, le cinéma Kinépolis de Bruxelles a en effet dû appeler la police pour faire évacuer deux salles après "des incidents". La porte-parole du cinéma avait raconté à RTL.be que les policiers avaient ensuite été la cible de projectiles. Quelques mois plus tard, Paname Distribution annonçait que le film "Black", prévu au cinéma en France le 16 mars 2016, ne sortirait finalement pas.

Victime de la "censure" des salles françaises

Une "censure" qu’Adil El Arbi explique ainsi à Mashable FR : "Les cinémas n’ont pas envie d’avoir dans leur salle un public arabe et noir, composé de jeunes énergétiques qui viennent en groupe et qui réagissent à fond pendant les projections". Pourtant ce sont justement ces jeunes-là à qui Adil El Arbi et Bilall Fallah veulent parler. "C’est la magie du cinéma de pouvoir parler de sujets sensibles, réalistes et durs avec finesse façon "West Side Story" ou "Roméo et Juliette"."

Le public français devra finalement se contenter de voir "Black" en e-cinéma à partir du 24 juin sur toutes les plateformes VOD comme MYTF1, CanalPlay ou Numericable. Au même moment, le duo de réalisateurs travaille à Los Angeles sur un nouveau film dans un tout autre registre : "Le Flic de Beverly Hills 4". N’imaginez pas pour autant qu’ils ont renoncé aux films réalistes. Adil El Arbi a confié à Mashable FR qu’ils sont "en train d’écrire un projet qui va encore plus loin, sur les liens entre Molenbeek et la Syrie".

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