Thomas Mair, le meurtrier présumé de la députée Jo Cox, a été inculpé pour homicide et sera présenté samedi à un juge. L'homme aurait agi seul mais la police poursuit son enquête sur ses liens éventuels avec "l'extrémisme de droite".
Le meurtrier présumé de la députée travailliste Jo Cox, tuée par balle et de plusieurs coups de couteau, jeudi 16 juin, dans le nord de l'Angleterre, a été inculpé d'assassinat et sera déféré devant un juge samedi, a annoncé la police britannique.
L'homme devait comparaître pour une première brève audience samedi matin devant le tribunal de Westminster, où sont généralement jugées les affaires liées au terrorisme.
Particularité de la loi britannique, l'inculpation du suspect signifie que les médias n'ont désormais plus l'autorisation de publier les éléments et témoignages apparus depuis jeudi, notamment sur les possibles motivations du suspect.
L'émotion était toujours extrêmement vive au Royaume-Uni, 48 heures après le décès de cette mère de deux jeunes enfants. Depuis son avion Air Force One, le président américain, Barack Obama, a appelé le mari de la défunte pour lui présenter ses condoléances et dénoncer un "crime odieux".
Des veillées étaient organisées dans de nombreuses villes britanniques. Le Premier ministre, David Cameron, s'est rendu vendredi à Birstall, la ville où a eu lieu le meurtre. Des habitants souvent en larmes se sont recueillis dans le centre-ville.
Attaque isolée mais ciblée
Jo Cox, 41 ans, mère de deux jeunes enfants, a été tuée en pleine rue jeudi dans sa circonscription du nord de l'Angleterre, à une semaine du vote crucial sur la sortie ou le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne. Cette députée travailliste s'était engagée dans la campagne pour défendre le maintien du pays dans l'UE.
D'après des témoins, Thomas Mair lui a tiré dessus trois fois avant de la poignarder à plusieurs reprises alors qu'elle gisait en sang sur le sol. Il a été arrêté peu après les faits. Avec les unités antiterroristes du nord-est du pays, la police poursuit son enquête sur ses liens éventuels avec "l'extrémisme de droite" ainsi qu'avec "les services de santé mentale".
"Selon les informations disponibles pour le moment, il paraît s'agir d'une attaque isolée, mais ciblée, sur Jo. Il n'y a pas d'indication à ce stade qu'une autre personne ait été impliquée dans l'attaque. Nous allons toutefois tenter de comprendre comment le suspect est parvenu à se procurer une arme à feu de manière illégale", a déclaré Nick Wallen. Il a en outre précisé que le suspect avait été rapidement appréhendé grâce à l'aide des personnes présentes sur place.
Le drame a déclenché de vifs débats dans le pays sur la sécurité des parlementaires, mais aussi sur l'ambiance de plus en plus lourde de la campagne électorale. Le ton de la campagne sur le "Brexit" s'était envenimé avant même la mort de Jo Cox.
Le mois dernier, le leader du parti eurosceptique Ukip, Nigel Farage, avait tenu des propos à la BBC, qui ont pu apparaître comme prémonitoires. "Je pense qu'il est légitime de dire que si les gens ont l'impression d'avoir complètement perdu le contrôle – et nous avons complètement perdu le contrôle de nos frontières en tant que membres de l'Union européenne – et si les gens ont l'impression que leur vote ne changera rien, alors la violence est la prochaine étape", avait déclaré le leader populiste à la télévision de la BBC.
La police collabore avec le palais de Westminster, qui abrite les deux chambres du Parlement et le Home Office (ministère de l'Intérieur) pour réévaluer les mesures de sécurité qui concernent les parlementaires, a en outre annoncé la police. Le Premier ministre, David Cameron, a convoqué lundi le Parlement pour un hommage à Jo Cox, qui était considérée comme une des étoiles montantes du Parti travailliste.
Avec AFP et Reuters