Des avions russes ont bombardé des rebelles qui avaient reçu un soutien américain, près du poste frontière d'Al-Tanaf entre la Syrie et l'Irak. Un incident qui souligne l'absence de coordination entre Moscou et Washington.
Voilà qui risque de compliquer encore plus la situation en Syrie. Des avions russes ont mené une "série de frappes" dans le sud de la Syrie contre des rebelles. Or, certains d'entre eux avaient reçu un soutien américain.
Ces bombardements qui ont eu lieu près du poste frontière d'Al-Tanaf entre la Syrie et l'Irak "soulèvent des sérieuses inquiétudes sur les intentions russes" en Syrie, a déclaré jeudi un responsable de la Défense américain, sous couvert de l'anonymat.
Les militaires américains avaient lancé début 2015 un programme de 500 millions de dollars destiné à former et équiper des combattants syriens modérés, désireux de se battre contre les jihadistes de l'organisation État islamique (EI). Cet effort, réformé à l'automne dernier après un démarrage calamiteux, concerne surtout aujourd'hui des combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS) qui se battent en ce moment dans le nord de la Syrie, et qui sont assistés sur le terrain par des forces spéciales américaines. Mais d'autres combattants ont été aidés dans le sud du pays se rattachant à l'Armée syrienne libre (ASL), selon les rares informations fournies par le Pentagone.
Moscou et Washington agissent en Syrie, mais sans coordination
L'incident, qui n'est pas le premier du genre, souligne une nouvelle fois la quasi absence de coordination dans l'action de Washington et de Moscou qui interviennent tous deux militairement en Syrie.
La Russie et les États-Unis sont les parrains d'un processus diplomatique et politique pour la Syrie, processus toutefois au point mort, après plus de cinq années de guerre qui ont fait 280 000 morts et des millions de réfugiés.
Les États-Unis reprochent à la Russie de chercher avant tout à consolider le régime de Bachar al-Assad, et de continuer à attaquer l'opposition modérée. "Les Russes ont renforcé les forces du régime, et sont impliqués en ce moment même dans des frappes contre l'opposition", a déploré jeudi matin le directeur de la CIA John Brennan. "Je suis déçu que les Russes n'aient pas joué un rôle plus constructif pour utiliser leur influence en Syrie" pour amener le régime et l'armée "sur la voie des négociations" avec l'opposition modérée, a-t-il ajouté.
Les deux pays ne se coordonnent pas sur le plan militaire, mais ils échangent en principe quotidiennement des informations sur les déplacements de leurs avions de combat pour éviter tout incident entre eux.
Avec AFP