Si le président Obama évite de se mêler de la crise iranienne, Washington a obtenu de Twitter, un site de microblogging très utilisé par les opposants iraniens, qu'il reporte une opération de maintenance.
AFP - Washington a demandé au site de socialisation Twitter de reporter une opération de maintenance entraînant une interruption de ses services pour permettre aux opposants iraniens de continuer à l'utiliser, a révélé mardi un responsable du département d'Etat.
Le ministère américain des Affaires étrangères est entré en contact "au cours du week-end" avec les responsables du site de micro-blogs pour "leur faire remarquer qu'il s'agissait d'un important moyen de communication, pas pour nous, mais en Iran même", a déclaré ce responsable ayant requis l'anonymat.
Il a souligné que Twitter, qui permet de communiquer de courts messages par internet, était l'un des derniers à fonctionner après que le gouvernement iranien a fermé de nombreux sites internet et journaux et limité ou suspendu l'usage des textos par téléphone portable.
"L'un des moyens qui ont permis aux gens de communiquer a été Twitter", a ajouté le responsable. "Ils ont annoncé qu'ils allaient suspendre leur système pour une opération de maintenance et nous leur avons demandé de ne pas le faire".
Le porte-parole du département d'Etat, Ian Kelly, a refusé de confirmer ces informations. Il a reconnu que le département d'Etat avait été "en contact avec Twitter pendant tout le week-end" mais sans lier ces contacts avec les violences post-électorales en Iran.
De fait, le site de socialisation a effectué mardi une intervention initialement prévue lundi, et qui a entraîné une courte interruption de ses services vers 21H00 GMT.
Le cofondateur de Twitter, Biz Stone, a confirmé que la fermeture du site avait été reportée, mais sans mentionner une éventuelle intervention du département d'Etat.
Sans non plus faire référence aux autorités américaines, un autre cofondateur du site, Jack Dorsey, a en revanche assuré que le report avait été décidé pour ne pas interrompre les échanges d'informations sur "ce qui se passe en Iran".
M. Dorsey, qui s'exprimait à New York lors d'une conférence consacrée au service de micro-blogs, a expliqué que l'utilisation de Twitter ces derniers jours en Iran était "ahurissante".
"Pensez un peu à ce qui arrive là-bas et à la possibilité que nous avons tous de voir ce qui se passe en temps réel", a-t-il dit. "Tout à coup, tout ce qui se déroule là-bas semble extrêmement proche".
"C'est vraiment important, et c'est vraiment la plus grande réussite de ce qu'est Twitter", a-t-il ajouté.
"S'il y a eu un moment où Twitter a compté, c'est ce week-end en Iran", a renchéri Jeff Pulver, organisateur de la conférence.
Les manifestants iraniens contestant le résultat du scrutin présidentiel ont eu recours au site Twitter pour appeler à la résistance et diffuser des informations sur les affrontements avec la police et les partisans du président réélu Mahmoud Ahmadinejad.
Des messages venus d'Iran ont afflué lundi sur la populaire plate-forme de micro-blogs en dépit des efforts des autorités sur place pour limiter les informations liées aux manifestations.
Des liens vers des photos présentées comme étant celles de manifestants blessés ou tués circulaient également sur le site de socialisation, alors que la mort d'un manifestant et plusieurs blessés par balles lors d'un rassemblement à Téhéran de partisans du candidat malheureux à la présidentielle Mir Hossein Moussavi étaient rapportés.
Twitter permet à ses utilisateurs d'envoyer des messages de 140 caractères ou moins à toutes les personnes abonnées à leurs flux, sur téléphone portable ou ordinateur.