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Présidentielle au Pérou : le clan Fujimori vise un retour au pouvoir

Les Péruviens élisent leur nouveau président. Le second tour pourrait sceller le retour au pouvoir du clan d'Alberto Fujimori, ancien chef de l'État incarcéré pour crime contre l'humanité, et dont la fille Keiko est favorite du scrutin.

Le clan Fujimori parviendra-t-il à revenir au pouvoir au Pérou ? C'est l'un des enjeux de ce second tour de l'élection présidentielle, puisque Keiko, la fille d'Alberto Fujimori, ex-chef de l'État incarcéré pour crime contre l'humanité, est favorite du scrutin. Dans ce pays andin où le vote est obligatoire, 23 millions d'habitants sont appelés aux urnes dimanche 5 juin. Les premiers résultats sont attendus vers 21H00 (02H00 GMT lundi).

Candidate pour le parti Fuerza Popular (droite), Keiko Fujimori, 41 ans, est depuis des mois en tête des sondages, même si elle a récemment perdu de son avance. Les dernières enquêtes d'opinion, diffusées vendredi, la créditent de 50,3 à 52,1 % des intentions de vote contre 47,9 à 49,7 % pour son rival Pedro Pablo Kuczynski, ex-banquier de Wall Street de 77 ans et candidat de centre-droit.

Au premier tour, le 10 avril, Keiko Fujimori avait fini largement en tête, raflant 39 % des suffrages contre 21 % pour Kuczynski.

L'ombre d'Alberto Fujimori

Mais depuis, ce dernier a bénéficié d'un front anti-Keiko (comme on l'appelle dans le pays), obtenant notamment le soutien de Veronika Mendoza, arrivée troisième avec 18,74 % des voix. Car derrière la candidate plane l'ombre d'Alberto, aujourd'hui âgé de 77 ans : descendant d'immigrants japonais, il a présidé le Pérou de 1990 à 2000 et son héritage continue de diviser le pays.

Une partie de la population le salue comme l'homme qui a combattu avec succès le Sentier lumineux et dopé l'économie. Mais d'autres se souviennent des méthodes autoritaires de celui qui a commandité deux massacres perpétrés par un escadron de la mort en 1991-1992, dans le cadre de la lutte contre cette guérilla. Son bilan sulfureux lui a valu d'être condamné en 2009 à 25 ans de prison pour corruption et crime contre l'humanité, après une rocambolesque fuite au Japon puis au Chili.

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Présidentielle au Pérou : le clan Fujimori vise un retour au pouvoir

Le thème de la sécurité au cœur de la campagne

Pour sa part, Keiko Fujimori, qui a soigneusement pris ses distances avec son père, ambitionne de "devenir la première femme présidente du Pérou", comme elle l'a clamé en clôture de campagne jeudi soir. Elle a fait campagne sur un ambitieux plan sécuritaire, la violence liée au crime organisé étant une des premières préoccupations des Péruviens.

Ancien Premier ministre et lui aussi fils d'immigrants (père allemand et mère franco-suisse), Pedro Pablo Kuczynski joue sur le même registre : "Ceux qui tuent, en prison. Ceux qui violent aussi. Et pour ceux qui harcèlent, une raclée", a-t-il lancé jeudi lors d'un meeting.

Le pays de 31 millions d'habitants, un des premiers producteurs au monde de cocaïne, est aussi confronté au ralentissement économique, à la pauvreté endémique et aux conflits sociaux et environnementaux causés par l'activité minière, centrale au Pérou.

Avec AFP