L'armée syrienne est entrée pour la première fois en deux ans dans la province de Raqqa, poursuivant avec la Russie une offensive contre l'organisation de l'État islamique (EI), rapporte samedi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
L'armée syrienne appuyée par l'allié russe est entrée, samedi 4 juin, pour la première fois depuis deux ans, dans la province de Raqqa, où l’organisation de l’État islamique (EI) risque d'être prise en tenaille.
L'organisation jihadiste fait en effet désormais face à trois offensives en Syrie : deux opérations majeures à Raqqa, où progressent également des forces soutenues par les Américains, et une autre dans la province voisine d'Alep.
Ces diverses offensives semblent illustrer la détermination des Russes et des Américains, parrains d'acteurs différents du conflit syrien, de concentrer leurs efforts sur la lutte contre l'EI, responsable d'exactions terribles en Syrie et en Irak ainsi que d'attentats meurtriers à travers le monde.
La ville de Raqqa, qui est la capitale de fait du groupe jihadiste en Syrie, se trouve plus à l'est et sa prise constitue, comme celle de Mossoul en Irak, l'objectif final des adversaires de l'EI.
Les troupes du régime sont "entrées samedi matin pour la première fois dans la province de Raqqa depuis août 2014", lorsqu'elles en avaient été chassées par le groupe ultraradical", a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
L'armée est soutenue par "les frappes des avions russes et des supplétifs syriens entraînés par Moscou" dans leur offensive lancée jeudi.
Le premier objectif de l'armée est de capturer Tabqa, sur l'Euphrate, près de laquelle se trouvent une prison contrôlée par l'EI et un aéroport militaire. Cette ville capturée par l'EI en 2014 est située à une cinquantaine de kilomètres de celle de Raqqa.
"Une coordination non déclarée entre Washington et Moscou"
L'armée et ses alliés sont entrés dans la province de Raqqa à partir du sud-ouest et se trouvaient samedi à moins de 40 km de Tabqa. En 2014, l'EI avait exécuté 160 soldats après la prise de son aéroport militaire.
Cette offensive, dans laquelle au moins 26 jihadistes et neuf combattants prorégime ont péri depuis jeudi, intervient une dizaine de jours après le lancement d’une autre offensive en direction de Raqqa : celle de la coalition arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS) qui avance aussi vers Tabqa mais à partir du nord.
"Il semble qu'il y ait une coordination non déclarée entre Washington et Moscou", affirme Rami Abdel Rahmane, alors que le Pentagone avait refusé, vendredi 20 mai, une offre de la Russie pour effectuer des frappes aériennes communes contre des groupes terroristes en Syrie.
En réponse à une question sur la coopération avec Washington, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait insisté vendredi sur "la priorité de mettre en œuvre des mesures plus directes et efficaces dans le combat contre les terroristes", en référence aux jihadistes.
La quasi-totalité de la province de Raqqa est aux mains de l'EI, à l'exception des villes de Tall Abyad et d'Aïn Issa d'où l'organisation jihadiste a été chassée par les FDS.
Dans la province voisine d'Alep, les FDS cherchent à s'emparer de la ville de Minbej, principale voie de ravitaillement entre Raqqa et la Turquie. D'après l'OSDH, ces forces se sont emparées de 34 villages et fermes autour de cette ville depuis le début des opérations le 1er juin.
Avec AFP et Reuters