Les chefs d'État du Brésil, de la Russie, de l'Inde et de la Chine, quatre pays émergents composant le groupe dit "BRIC", tiennent leur premier sommet formel en Russie, ce mardi. Objectif : peser davantage face aux grands pays industrialisés.
REUTERS - Les dirigeants des économies brésilienne, russe, indienne et chinoise (BRIC) se réunissent à partir de mardi à Ekaterinbourg pour ce qui sera leur premier sommet formel, au cours duquel ils tenteront de se doter d'un langage commun leur permettant de peser davantage face aux grands pays industrialisés.
Au menu de cette réunion, les responsables politiques des BRIC pourraient voir figurer la rénovation du système financier mondial et l'éventuelle création d'une monnaie de réserve internationale censée permettre de réduire la dépendance à l'égard du dollar.
"La bonne nouvelle c'est que les pays riches sont en crise et que les pays émergents ont largement contribué au sauvetage de l'économie, c'est à dire au sauvetage des pays riches", a déclaré à Reuters le président brésilien Lula.
"Les pays riches ne sont plus les seuls à compter dans la production et dans la consommation mondiale", a-t-il ajouté, estimant au passage que les BRIC devaient travailler de concert afin de modifier la "géographie politique et commerciale de la planète".
L'acronyme BRIC a été utilisé pour la première fois en 2001 par Jim O'Neil, un économiste de Goldman Sachs, pour évoquer la puissance grandissante des économies émergentes. Le sommet du 16 juin doit permettre à ces quatre pays de franchir une nouvelle étape dans leur rapprochement.
15% du commerce mondial
Brésil, Russie, Inde et Chine pèsent ensemble 15% des 60.700 milliards de dollars (43.700 milliards d'euros) que représente le commerce mondial. Dans 20 ans, estime Goldman Sachs, ces quatre pays pourraient avoir dépassé le G7 par leur poids économique et la Chine pourrait à elle seule avoir supplanté les Etats-Unis au premier rang mondial.
"Les BRIC sont un mythe mais ce mythe devient peu à peu réalité", commente Alexeï Pouchkov, qui enseigne les relations internationales. "Ce sommet montre qu'il existe une volonté d'enraciner une communauté. La question qui se pose est savoir si elle deviendra une institution politique ou si elle restera dormante."
La principale difficulté pour les quatre pays concernés consistera à surmonter les divisions qui les séparent.
Le président chinois, Hu Jintao, arrive en Russie fort d'un PIB aussi important que celui des trois autres BRIC réunis. Mais dans le même temps, Pékin ne veut pas apparaître comme un adversaire déclaré des Etats-Unis.
La volonté de réduire la dépendance à l'égard du dollar est quant à elle davantage portée par la Russie et le Brésil alors que la Chine continue de penser que le dollar doit conserver une place primordiale.
De nombreux analystes soulignent que les dossiers les plus brûlants ont peu de chances d'aboutir lors du sommet d'Ekaterinbourg.
"Ce sommet que l'influence et la voix du monde émergent portent de plus en plus, des éléments auxquels l'administration Obama devra porter attention", souligne Qin Yaqing, vice-président de l'Université chinoise des Affaires étrangères à Pekin. "Mais ces pays sont très divisés. Une coopération complète entre eux sera difficile à atteindre, mais une coopération partielle est envisageable."
Le président russe Dmitry Medvedev a proposé d'accorder un plus grand rôle aux droits de tirages spéciaux du Fonds monétaire international (FMI), ce qui correspond à la volonté affichée par le patron de la Banque populaire de Chine Chou Xiaochuan.
La Russie a annoncé la semaine dernière son intention de réduire la proportion des emprunts d'Etat américains dans la composition de ses réserves. Moscou, Pékin et Brasilia ont promis d'accroître le financement du FMI, ce qui devrait leur permettre d'y disposer d'une influence accrue.